C’est une production inédite qui s’apprête à envoûter les spectateurs de l’Opéra Nice Côte d’Azur. En mars, "Juliette, ou la Clé des Songes", de Bohuslav Martinů, reprendra vie sous la direction de Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil, un duo de metteurs en scène connu pour ses choix artistiques audacieux. Inspiré par l’univers onirique de Georges Neveux, cet opéra plonge dans les méandres de la mémoire et du rêve, avec Nice comme toile de fond.
Dès le lever de rideau, l’expérience s’annonce immersive : un film projeté sur scène suivra Michel (Valentin Thill), errant dans Nice encore endormie. Depuis la gare de Nice-Ville, il déambule dans un silence mystique. Une flânerie matinale qui le mène sur la Promenade des Anglais, où il s’abandonne un instant sur un transat de la plage de l’Hôtel Amour.
Le soleil monte lentement sur la mer, mais Michel ne reste pas. Son errance le conduit au Musée Matisse, où il se trouve soudainement face à un monochrome bleu d'Yves Klein. L'émotion le submerge. Il vacille, puis s'effondre.
L'orchestre s'empare alors de ce basculement brutal pour plonger le public dans un monde de songes. Transporté d'urgence à l'hôpital Pasteur, Michel se retrouve entre la vie et la mort. Tandis que le personnel médical s'affaire autour de lui, l'opéra devient un labyrinthe mental où les souvenirs et les illusions se mêlent.
Juliette (Ilona Revolskaya), figure insaisissable, incarne à la fois l’objet du désir et l’éternel féminin, comme une muse surgie des profondeurs de l'inconscient. Dans une mise en scène inspirée des essais de Romy Schneider pour "L'Enfer" de Clouzot, elle joue devant la caméra, oscillant entre sourires et larmes, évanescence et mystère.
Une mise en scène entre illusion et réalité
Clarac-Deloeuil, fidèles à leur volonté de repousser les frontières du réel, s'appuient sur une écriture scénique qui entremêle captations vidéo et présence physique des interprètes. Les images du film projetées en fond de scène reviennent en flash-back tout au long du spectacle, comme autant de fragments de mémoire que Michel tente de réassembler.
Mais la vérité lui échappe. Qui est Juliette ? Un souvenir, une illusion, ou bien la seule réalité tangible dans ce monde flottant ? Alors que Michel se perd dans cette expérience vertigineuse, la musique de Martinů devient tour à tour angoissante, exaltée, puis doucement apaisée, comme pour signifier que le voyage touche à sa fin.
Cette production s’imprègne des décors naturels de Nice, ville où Bohuslav Martinů a achevé l'écriture de cet opéra en 1937. Chaque lieu clé du spectacle (la plage, le port, le musée, l'hôpital) devient un symbole de la quête existentielle de Michel, qui oscille entre son passé et son destin.
A la toute fin, Michel, apaisé, accepte son sort. Au son de l'accordéon, il se laisse guider par Juliette et ses amis dans un tableau inspiré du "Rendez-vous des amis" de Max Ernst. Une conclusion pleine de mystère, à l'image de cet opéra fascinant, où le rêve ne dissimule rien, mais au contraire, révèle tout.
En savoir +
- Mardi 11 mars 2025 à 20h, jeudi 13 mars 2025 à 20h et samedi 15 mars 2025 à 15h
- Durée : 2h30 avec entracte
- Tarifs : de 12 à 94 euros
- Spectacle en français, surtitré en français et anglais
- "Face à face" le 10 mars à 18h avec Anthony Hermus (direction musicale) et Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil (mise en scène) à l'Artistique (gratuit et sans réservation)
- Samedi 15 mars à 15h, pendant que les parents sont au spectacle, les enfants (5 à 10 ans) participent à un atelier animé par des professionnels (5 euros).
Contenu proposé avec Nice-Presse Stories. La rédaction de Nice-Presse n'a pas participé à la réalisation de cet article.