Dans les commissariats, hôpitaux et casernes de Nice, soignants et forces de l'ordre n'ont pas pris de congés alors que les Maralpins savouraient les festivités hivernales. Tour d'horizon d'une organisation millimétrée.
À l'approche du Réveillon, une petite ruche s'agite en plein coeur de l'Hôpital Pasteur. Des écrans d'ordinateurs clignotent, des téléphones sonnent : il n'est que 17 heures ce 31 décembre, et pourtant, 800 appels ont déjà été traités ! "On en entend peu parler, mais il y a une crise sanitaire, un problème très français" souffle-t-on du côté de la direction du CHU. "Les gens se vaccinent trop peu contre la grippe, et la carte est rouge ! Alors ça nous fait du monde, sur une nuit déjà tendue…"
L'institution azuréenne s'est bien organisée pour gérer les flux. Du côté du 15, une régulation médicale permet de rassurer les malades, et d'orienter les cas les moins urgents vers la médecine de ville. "Vous obtenez une réponse en 30 secondes, et votre rendez-vous chez un praticien sous 48 heures" promet le responsable. De quoi éviter l'engorgement des urgences, alors qu'en cette fin d'après midi il y a déjà pas mal de patients dans les couloirs.
À l'angle de l'un d'eux, on trouve un écran géant, qui permet de suivre les interventions en cours, aux quatre coins de la ville. Derrière les petits carrés bleus, les soignants mobilisés dans les rues et appartements. Pour la nuit de la Saint-Sylvestre, 58 professionnels constituaient les effectifs, autant pour celle du 1er de l'an.
Toujours du côté des secouristes, les sapeurs-pompiers maralpins sont, eux aussi, sur les dents. Comparé à l'année dernière, le dispositif niçois du Nouvel an a été renforcé d'une cinquantaine de soldats du feu. On en décompte 150 rien que dans la ville-capitale. "Et je veux souligner que nous n'avons eu aucune difficulté à remplir le planning avec des volontaires : même le 31 décembre, chacun est dans le bon état d'esprit" vante leur chef, alors que les recrues sont en rang d'oignon dans la cour de la caserne Hancy.
L'ambiance est chaleureuse, malgré le petit froid du débat de soirée. Mais un gros camion rouge est déjà fin prêt, proche de la sortie, à filer vers la moindre urgence.
Au centre opérationnel de commandement Foch, la communication est… minimaliste. Un brin tendu, le directeur de la police nationale 06 ne dévoile pas aux journalistes les détails de son organisation.
Il promet "quelque chose de très renforcé, au vu de la tension générale et des informations qui nous sont remontées". La nuit sera relativement calme, davantage en tous les cas que les Réveillons précédents. Avec quelques points chauds toutefois. Les forces de l'ordre ont été visées par des tirs de mortiers dans au moins quatre rues différentes. Dans la cité sensible de l'Ariane, un agent a même été légèrement blessé. Deux feux de poubelles, et quelques véhicules incendiés.
En mairie de Nice, c'est l'agitation des grands jours. Les agents de la police municipale sont réunis pour recevoir leurs consignes : leurs fourgons et petits 4x4 occupent toute la rue de l'Hôtel de Ville.
"Je tenais à saluer votre engagement pour les Niçois. Ce soir, pendant qu'ils feront la fête, vous ne serez pas présents auprès de votre famille et de vos amis" entame le maire, Christian Estrosi. "Chacun sait que votre action permet à Nice d'être l'une des grandes communes les plus sûres de France. Ce qui n'est pas évident, au vu du contexte de violence gratuite que l'on voit tous les jours, et alors qu'il y a dans nos rues cet hiver bien davantage de visiteurs que les autres années…"
Une vigilance particulière sera de mise cette nuit-là sur le Vieux-Nice, Libération, Trachel. Nouveauté de cette année, les vigiles privés de GAIDA, embauchés par les bailleurs HLM, sont eux aussi de service aux Moulins.
Les agents auront du pain sur la planche, en plus de leurs tâches habituelles. Pour lutter contre les nuisances et l'insécurité, une palanquée d'arrêtés municipaux ont été pris dernièrement : fermeture anticipée des épiceries de nuit, règlementation de la vente d'alcool, interdiction de certains regroupements… En amont de ce 31 décembre traditionnellement tendu, 400 voitures-épaves ont été retirées des quartiers, autant de tentations en moins pour les délinquants apprentis pyromanes. L'an passé, la police municipale aura mené 6295 interpellations en tout, dont 20% concernaient des dealers. En 2025, il s'agira de tenir le cap.