Le long de la Promenade des Anglais, au gré des embruns et sous la caresse du soleil, Nice déploie quelques-uns de ses plus beaux écrins de verdure. À deux pas de la Méditerranée, trois jardins d’exception se démarquent.
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Jean-Michel Meuriot, directeur du Parc Phoenix et qui porte un regard avisé sur l’ensemble des espaces verts de la ville, nous guide à travers ces joyaux, entre art paysager, exotisme et mémoire.
Le jardin du Musée Masséna, un chef-d’œuvre signé Édouard André
Niché derrière l’élégante Villa Masséna, le jardin du musée éponyme porte fièrement le label « Jardin Remarquable ». Conçu au début du siècle dernier par Édouard André, figure majeure de l’art paysager, ce parc reprend un style composite mêlant à la perfection deux grandes traditions : la rigueur française, symétrique et normée, héritée de Versailles, et la poésie anglaise, plus libre, aux allées contournées et aux perspectives savamment dissimulées.
« Ce jardin était conçu comme un tableau vivant » explique Jean-Michel Meuriot. « Chaque plante, chaque palmier était positionné pour créer une scène, une vue pittoresque. » Commandé par le prince d’Essling, descendant du maréchal Masséna, on y organisait des réceptions, avant qu’il ne devienne un espace public.
À l’époque, l’entrée côté Promenade n’existait pas : seule comptait la terrasse intérieure, à l’abri du soleil, à l’image des grands édifices niçois tournés vers le nord.
Aujourd’hui, les visiteurs peuvent encore admirer palmiers, fiscus et plantes tropicales, témoins de cet exotisme typique de la Belle Époque.
Avec le Parc Phoenix et le Jardin Botanique, il fait partie des seuls labellisés « remarquables ».
Jardin Albert 1er
Non loin de là, entre la Place Masséna et la mer, s’étend le Jardin Albert 1er, vaste parc de trois hectares, refuge de verdure et de fraîcheur. Son histoire remonte à 1852, avec la couverture partielle du Paillon, ce cours d’eau parfois oublié sous les pavés niçois.
« Peu de gens savent que le Paillon coule encore sous leurs pieds » sourit Jean-Michel Meuriot. Au fil du temps, le jardin a été remodelé, tout en conservant des trésors botaniques : « un magnolia géant, des palmiers washingtoniens, des essences d’Amérique du Nord et du Mexique, comme les agaves et des variétés plus tropicales. »
Au détour des allées, on découvre aussi quelques pépites culturelles : la Fontaine des Trois Grâces, le Kiosque à musique, ou l’impressionnant Arc de Venet 115°5, sculpture contemporaine qui dialogue avec le ciel.
Lieu de vie et de fêtes – le Nice Jazz Fest y pose ses guitares et saxophones chaque été – le jardin Albert 1er accueille chaque année de nombreux événements culturels, tout en restant un havre pour les Niçois en quête d’une pause au soleil.
C’est aussi le symbole d’un certain âge d’or, celui des hivernants, pour lesquels on avait décidé d’ouvrir ce lieu d’agrément. Après avoir connu plusieurs noms, il tire l’actuel du souverain belge (1875-1934) qui avait bataillé jusqu’au bout contre l’envahisseur allemand.
Jardin de l’Arménie
Dernier-né parmi ces espaces verts d’exception, le Jardin de l’Arménie a bénéficié d’une ambitieuse requalification en 2024.
Pensé comme un îlot de fraîcheur moderne, ce jardin de 10.000 mètres carrés a été totalement revégétalisé, avec 97 nouveaux arbres, 900 mètres carrés de sols perméables et des matériaux clairs pour réduire la chaleur estivale.
Les plantations mettent à l’honneur vivaces et arbustes fleuris, dans un espace clôturé à l’esprit de jardin intime. « Cette transformation s’inscrit dans la renaissance du quartier » note Jean-Michel Meuriot, évoquant l’arrivée d’hôtels et de boutiques de luxe tout autour.
En combinant respect du patrimoine, diversité botanique et innovations écologiques, Nice renoue avec son identité de cité-jardin, au croisement des traditions et de la nécessaire transition écologique.