Après une restauration de plusieurs mois, l'œuvre "Fleurs et fruits" est de retour au musée Matisse à Nice. Il s'agit de la plus grande gouache découpée conservée dans les collections françaises.
"Nous réinstallons enfin cette gouache dans une toute nouvelle vitrine" détaille Claudine Grammont, la directrice de l'établissement auprès de Nice-Presse. Pensée de 1952 à 1953 par Matisse, cette composition est constituée de cinq panneaux et fait plus de huit mètres de long, pour quatre mètres de haut.
Elle fait partie d’un ensemble de recherches menées par le célèbre peintre autour de la commande d’un panneau de céramiques.
"Celle-ci a été effectuée par des collectionneurs américains, monsieur et madame Sidney Brody, pour le patio de leur villa à Los Angeles."
Restauration spécifique
Cette œuvre d'art est entrée dans les collections en 1963. "À partir de 1990, elle a été installée dans la nouvelle aile du musée, dans une vitrine" détaille Claudine Grammont. Après plusieurs années d'exposition, il a été nécessaire de la refaire pour des raisons de conservation.
"L'ancienne laissait pénétrer trop d'échanges d'air et de température. Des insectes avaient aussi commencé à endommager le papier de manière assez grave, ainsi que les colles."
Côté technique, la nouvelle vitrine est une véritable "ingénierie". "Nous avons passé commande à une société belge qui a conçu cette boîte monumentale avec des vitrages très spécifiques. Ils sont filtrants et restent clairs, ce qui permet de ne pas alterner la couleur quand on la regarde."
Un long travail de restauration a été déployé sur les panneaux. Deux professionnels sont intervenus tout au long de l'été 2021.
"Pour l'occasion, nous avons proposé un atelier. Les visiteurs pouvaient observer ce que les restauratrices faisaient, et échanger avec elles. C'était très pédagogique."
Une technique unique
"Fleurs et fruits" a été réalisée deux ans avant la disparition du peintre Matisse. De par sa grandeur, elle est considérée comme "l'apothéose de son œuvre." Ici, des formes découpées sont disposées sur des papiers gouachés, une technique imaginée par l'artiste.
"En 1930, il loue un garage, à côté du lycée Masséna, pour travailler sur une décoration murale "La Danse". Cette commande de Barnes fait plus d'une vingtaine de mètres de long."
Habituellement, le procédé classique est de réaliser une petite étude avec les couleurs, et après on l'agrandit. "Mais lui, ce qu'il voulait, c'était travailler à l'échelle pour avoir la sensation de l'espace. C'est un travail titanesque."
"Au lieu de peindre et d'effacer, il a mis au point cette technique qui permet de trouver un équilibre entre les figures et le fond. Il prenait des grandes feuilles de papier qu'il découpait dans les formes qu'il voulait, pour agencer sa composition."
Plus tard, il s'est resservi de ce moyen pour toutes les maquettes de ses différentes commandes. Au fur et à mesure de son parcours, Matisse a reçu des demandes de plus en plus monumentales. Cette technique de papiers gouachés découpés s'est donc rapidement imposée à lui.
Pratique
Pour plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site du Musée Matisse
L'établissement est ouvert du mercredi au lundi, de 10 h à 17 h
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