Avec sa démission annoncée mercredi, Christian Estrosi provoque le renouvellement de tout l'état-major métropolitain : présidence de la collectivité, vice-présidences, commissions… Objectif affiché : "débarrasser la majorité des soutiens de l'extrême droite".
"La démission d'Estrosi clarifiera les positions" estime ce jeudi 11 juillet Juliette Chesnel-Le Roux, cheffe de file des élus Verts au conseil communautaire.
"On ne peut accepter des soutiens du Rassemblement national dans notre exécutif local. Que ceux qui soutiennent l'extrême droite l'assument. C'est un devoir de transparence envers les citoyens".
Même son de cloche du côté d'un élu de la majorité auprès de Nice-Presse : "on ne peut pas appeler le Conseil départemental à prendre ses distances avec Eric Ciotti (artisan d'une alliance avec Marine Le Pen, NDLR) et avoir à la Métropole des vice-présidents qui en sont aussi des partisans. Ce n'est pas de la tambouille, mais de la transparence".
C'est notamment le cas de Xavier Beck, maire de Cap d'Ail, vice-président de la Métropole mais aussi du Département des Alpes-Maritimes.
Toujours dans la majorité de Christian Estrosi, il a soutenu pour ces élections législatives les candidats ciottistes torpillant l'action de la Métropole, qu'ils dépeignaient comme étant en faillite, et dirigée par des incompétents.
Même flou artistique avec Anaïs Tosel, édile de Falicon, pas étiquetée comme étant dans l'opposition, mais qui n'a pas voté en faveur du dernier budget. Tout en faisant, elle aussi, campagne aux législatives contre… le président de la commission des finances de la Métropole.
Médecin revient parmi les siens
Le 19 juillet, la centaine de conseillers devra voter pour le nouvel exécutif. La majorité sera regroupée dans un "Rassemblement Républicain" (RR) présidé par Pierre-Paul Léonelli, auprès duquel il conviendra de signer une "charte de valeurs". Refusant notamment toute alliance avec le RN, et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Et imposant de voter pour chacun des prochains budgets… Ce "RR" vous dit quelque chose ? Sans coïncidence aucune, il s'agit de l'appellation donnée en 1946 au mouvement politique de Jean Médecin, figure tutélaire niçoise qui fut un maire indéboulonnable, dix-huit ans durant.
"Il faut s'attendre à une purge"
Le collègue écologiste de Juliette Chesnel-Le Roux, l'élu Jean-Christophe Picard, voit dans tout cela des objectifs qu'il salue moins. "Il s’agit de renouveler (ces postes) avec une idée, éradiquer les partisans d'Eric Ciotti. C'est une purge", analysait-il hier. "Il entend frapper les frondeurs au portefeuille". Tel que nous le relayions alors (article du 10/07), les amis du député de la première circonscription ont d'ailleurs très mal accueilli cette décision. Logique, puisqu'ils ne disposent pas du tout d'une majorité pour remplacer Christian Estrosi vendredi prochain.