Christian Estrosi a démissionné mercredi de la présidence de la métropole Nice-Côte d’Azur qu’il détient depuis douze ans, avant de se porter à nouveau candidat. L’été sera chaud, aussi, au Département. Mais pourquoi ?
« Comme il n’est pas question pour moi de présider un exécutif où figurent des élus d’extrême droite ou d’extrême gauche, ou leurs soutiens et comme la confusion qui règne dans notre assemblée dégrade l’image et l’action de notre métropole, je vous informe que j’ai décidé de démissionner de mon poste de président », a lancé ce 10 juillet le maire de Nice, à l’issue de la séance plénière, estimant qu’il était temps de « clarifier les choses » (retrouvez par ici les phrases-clés de son discours).
Le préfet recevra sous peu le courrier envoyé ce jour, la décision prendra alors effet. Une nouvelle élection est prévue le 19 juillet. Christian Estrosi va se représenter, a indiqué dans la foulée le président par intérim de la collectivité, le cagnois Louis Nègre.
Avec ce scrutin indirect, les 133 conseillers auront à choisir, aussi, les vice-présidents ainsi que les chefs de commission. Sans grand suspense sur son issue – il dispose d’une large majorité, avec le soutien, a minima, des bancs niçois, cagnois, et laurentins – il s’agit surtout d’une sorte de vote de confiance pour celui qui pilote la Métropole depuis sa création, en 2012.
« Il s’agit de renouveler (ces postes) avec une idée, éradiquer les partisans d’Eric Ciotti. C’est une purge », analyse Jean-Christophe Picard, élu écologiste d’opposition. « Il entend frapper les frondeurs au portefeuille », puisque certains perdraient autour de 900 euros d’indemnités mensuelles au passage.
Majorité fracturée
Certains élus se sont affichés pendant la campagne des législatives comme des soutiens du grand rival Éric Ciotti, ou ont salué sa réélection comme député à la faveur d’une alliance avec Marine Le Pen. D’autres ont également pris parti pour Christelle D’Intorni et Bernard Chaix, tous deux élus à l’Assemblée nationale dans les Alpes-Maritimes sous les couleurs LR-Rassemblement national.
Par exemple, Xavier Beck, le maire de Cap d’Ail qui fait partie de l’exécutif en tant que vice-président aux transports scolaires ou aux affaires juridiques a posté sur X un message de félicitations à l’attention de ces trois députés ajoutant: « on compte sur vous ».
Anaïs Tosel, maire de Falicon, n’avait pas voté le dernier budget. Et ces derniers mois, elle menait campagne contre Philippe Pradal, patron de la commission des finances métropolitaines, en soutenant un ciottiste.
« Notre légitimité de conseiller métropolitain, nous la tenons de nos citoyens et de nos citoyens seuls. J’invite Christian Estrosi à solliciter, aussi, le renouvellement de la confiance des Niçois », a tweeté de son côté Bertrand Gasiglia, maire de Tourrette-Levens et président de la Commission transports et mobilités.
Même son de cloche du côté d’Eric Ciotti, qui rêve d’élections municipales avancées : « Le courage, monsieur Estrosi ce n’est pas une énième petite manœuvre politicienne, mais de démissionner de votre mandat de maire de Nice pour redonner la parole aux Niçois qui vous ont lourdement sanctionné aux législatives ». Aucun des candidats soutenus par l’édile n’avaient pu être élus dans les trois circonscriptions de la ville, toute remportées par des ciottistes.
Demain, même chose au Département ?
La guerre Estrosi-Ciotti, et les remous provoqués par l’union entre ce dernier et le RN, pourraient continuer de remuer les Alpes-Maritimes. Au conseil départemental aussi, des tensions se font sentir. Le président Charles-Ange Ginésy a disparu des radars depuis que son numéro deux s’est rallié à Marine Le Pen.
Va-t-il lâcher le patron de la puissante commission des finances, ou au contraire lui afficher un soutien, certes après la bataille ? Dans les coulisses, chacun s’active pour garder ou remettre la main sur cette très riche collectivité. Mais là, c’est à la fin de l’été, avec la prochaine séance plénière, que les choses pourraient… « se clarifier ».