Une juge d’instruction a décidé lundi de renvoyer l’ancien attaquant international et son frère Sabri devant la cour criminelle des Alpes-Maritimes, pour viol sur deux jeunes femmes en juillet 2023.
La magistrate a également retenu les chefs d’accusation d’agression sexuelle à l’encontre des deux frères, ainsi que de tentative de viol visant l’aîné, deuxième meilleur buteur de l’histoire de Monaco, aujourd’hui âgé de 35 ans et engagé depuis septembre en deuxième division turque.
L’avocate de Wissam Ben Yedder, Me Sophia Kerbaa, a annoncé qu’elle faisait appel de cette décision. Elle a rappelé que le joueur « conteste avec ferveur les faits qui lui sont reprochés, depuis le début de cette procédure ».
Les faits remontent à l’été 2023, alors que Ben Yedder portait le brassard de capitaine à l’AS Monaco et percevait un salaire très élevé. Son entourage était tendu et son mariage en crise, sur fond d’infidélités répétées.
En mars, son frère Sabri, 25 ans, footballeur amateur espérant encore percer, s’était installé chez lui. Les soirées s’étaient multipliées et la situation conjugale du joueur s’était détériorée, menant au départ de son épouse en juin.
Le 10 juillet, les deux frères ont rencontré deux jeunes femmes âgées de 18 et 19 ans sur une plage près de Nice. Après un passage dans une salle d’arcade d’un centre commercial, ils leur ont proposé d’aller sur une autre plage près de Monaco. En réalité, ils les ont conduites chez Wissam, qui, selon le dossier, avait beaucoup bu et envoyé un message à son frère annonçant « On bousille à 4 ».
Chacun a ensuite isolé une des jeunes femmes et exigé un rapport sexuel, obtenant pour l’un une fellation, pour l’autre une pénétration.
Une décision judiciaire marquante dans un dossier sensible
Les deux hommes affirment que les relations étaient consenties, admettant seulement s’être emportés face au refus d’un plan à quatre. Les jeunes femmes, très choquées après les faits, ont déclaré qu’elles avaient accepté un flirt, mais refusé toute relation sexuelle, expliquant s’être senties piégées.
L’avocat de l’une d’elles, Me Guillaume Carré, a confié à l’AFP qu’elle était « soulagée et satisfaite que les faits soient enfin reconnus et que la justice franchisse une étape décisive vers la vérité ».
Depuis deux ans, l’ancien international, auteur de 19 sélections et 3 buts sous le maillot tricolore, se retrouve davantage dans les colonnes judiciaires que sportives.
Déjà condamné en Espagne pour fraude fiscale durant son passage à Séville entre 2016 et 2019, il a comparu à l’automne 2024 pour violences sexuelles sur une autre jeune femme rencontrée lors d’une soirée arrosée quelques mois auparavant.
Les gestes décrits dans ce dossier rappellent ceux relatés par les deux plaignantes de l’été 2023. Devant le tribunal, le joueur a reconnu un problème d’alcool et assuré avoir suivi une cure pour s’en défaire. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis et a interjeté appel.
En septembre, le tribunal correctionnel de Nice l’a condamné à 90 000 euros d’amende pour violences psychologiques envers son épouse, avec laquelle il est toujours en instance de divorce. Il a également fait appel de cette décision.
Resté sans club plusieurs mois, il a tenté de relancer sa carrière au printemps dernier au Sepahan SC, club iranien plusieurs fois champion, où il côtoyait d’autres Français comme l’entraîneur Patrice Carteron ou les joueurs Steven Nzonzi et Aboubakar Kamara.
Mais cette expérience a tourné court. En septembre, il a signé avec Sakaryaspor, équipe de deuxième division turque, où il est devenu titulaire et a inscrit quatre buts en octobre.
Avec AFP



