- Vous lisez un épisode de “Le Vieux-Nice, l’âme de la cité”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, la nouvelle rubrique gratuite de Nice-Presse.
Co-gérant de Pineapple Enterprise, le groupe qui détient trois Ma Nolan’s sur la Côte d’Azur dont deux à Nice, mais également Le Bateleur et le Van Diemen’s sur le cours Saleya, Christophe Souques, 56 ans, est la définition même de l’audace. Portrait.
« L’essentiel dans la vie, ce n’est pas l’argent, mais le panache. » La réplique devenue culte de l’étoile montante du cinéma français Raphaël Quenard, dans la comédie Cash, colle parfaitement à la personnalité de Christophe Souques.
Entrepreneur à succès, ce « sang-mêlé », comme il aime se définir, fils d’un père toulousain et d’une mère antiboise, revient sur une rencontre qui aura marqué sa vie.
« Quand je suis rentré des États-Unis, un copain irlandais me croise à l’aéroport et me demande si je peux lui donner un coup de main pour son déménagement », raconte le souriant chef d’entreprise, installé au frais, dans la salle du Ma Nolan’s du Vieux-Nice, le premier établissement du groupe à avoir été lancé.
« Il me présente un garçon, ingénieur informaticien qui travaillait chez Texas Instruments (aujourd’hui Amadeus, à Villeneuve-Loubet), qui me confie qu’il rêverait de lancer un vrai pub irlandais à Nice. »
Si le Wayne’s Bar existe déjà, son ambiance est anglo-saxonne, pas exactement de la même veine que ceux du pays au trèfle.
« Je lui ai répondu que j’étais partant pour monter ce premier projet mais que je comptais m’en aller au bout de trois ans. Finalement, nous avons ouvert un deuxième Ma Nolan’s au Port… et nous avons attrapé le virus des ouvertures multiples. »
Ma Nolan’s à Cannes, reprise du Bateleur et du Van Diemen’s sur le cours Saleya et le cours Jacques-Chirac, acquisition d’une adresse à Toulouse, ouverture prochaine d’un Ma Nolan’s à Dublin, tentatives multiples d’en ouvrir un autre à Antibes… Christophe Souques et Thaddeus Nolan ne s’arrêtent plus.
Des anciens restaurants aux États-Unis et À Nice
Pourtant, le destin de celui qui, plus jeune, se rendait lui-même régulièrement au Bateleur sans même se douter une seule seconde qu’il en serait le propriétaire un jour, a bien failli être complètement différent.
Son audace l’a conduit à prendre des chemins de traverse qui lui ont toujours souri. « J’étais directeur au sein du groupe Accor, mais je m’ennuyais tellement, tout était si cadré… J’ai préféré ouvrir dans les années 1990 deux restaurants à Nice, Le Petit Gourmand et Le Moulin à Fromage, que j’ai fini par vendre pour partir aux États-Unis avec cette fausse excuse : celle d’apprendre l’anglais. »
Du côté de Dallas, Christophe Souques rejoint un proche et se retrouve un jour autour d’une avocate franco-mexicaine et d’une banquière, qui lui donnent les ficelles pour ouvrir une société sur place.
« Le tout en seulement deux heures, se marre-t-il. Aux États-Unis, toutes les démarches sont simplifiées. Alors, avec un ami sur place, on a décidé de reprendre un établissement dans un hall où il y avait tous les designers-antiquaires de la ville. Là-bas, on rentre comme on sort, alors on s’est dit que si ça ne marchait pas, on disparaîtrait après le premier week-end d’ouverture. »
Finalement, la reprise est un franc succès et les affaires de l’intrépide Christophe Souques décollent de l’autre côté de l’Atlantique. Jusqu’à la seconde guerre du Golfe, en 2003.
« À ce moment-là, Jacques Chirac prend position contre George Bush et les Américains se retournent contre les Français, en les considérant comme des traîtres, se remémore-t-il. À Dallas, le climat était délétère. Ils cassaient des bouteilles de Côtes-du-Rhône par terre, comme symbole. J’ai préféré rentrer en France. »
La suite, on la connaît. L’aéroport, puis la rencontre avec Thaddeus Nolan. Et désormais tous ses établissements, hétéroclites, qui rythment les soirées des Niçois et des visiteurs du monde entier, toutes générations confondues.



