À l'initiative de la mairie de Nice, les représentants de la Ville, de la Justice et de l'État conviaient cette semaine les riverains d'un quartier sensible à un échange sur la sécurité et les trafics. Avec la promesse de présenter bientôt un nouveau plan d'action.
Le gymnase du boulevard du Mercantour est plein de monde. Plus de 200 Niçois se sont déplacés pour ce débat proposé par Christian Estrosi, jeudi 30 mars, au coeur des Moulins. Dans la salle, des familles, des bénévoles d'associations. Un peu tous les âges.

Un habitant : "vous nous dites que 10% des points de deal ont été démantelés chez nous l'année dernière. Mais ça ne veut rien dire ! Quand l'un tombe, un autre le remplace !"
Réponse du préfet des Alpes-Maritimes : "Les chiffres, on peut leur faire dire ce que l'on veut. La vérité, c'est que ce qui arrive ici nous inquiète. Nous sommes vraiment mobilisés. L'enjeu, et c'est un travail de l'ombre, c'est aussi de faire tomber les têtes des trafics avec des enquêtes solides, qui prennent du temps".
Un autre Niçois : "ici, la courbe de la délinquance est exponentielle. Vous nous parlez de grands moyens. Soit ils sont insuffisants, soit ils sont mal organisés. Mais à Nice, les Moulins ont l'air d'être le tapis sous lequel on met la poussière. Rien ne s'arrange alors que la sécurité, c'est notre droit".

"Nice-Ouest, c'est une zone sociale" critique une jeune femme. "On y met des gens dans des HLM, mais il n'y a pas de commerces, pas d'emplois, et plein d'associations subventionnées. Ça ne mène à rien".

Les témoignages affluent à mesure que le micro circule dans les rangs. Une quadra : "on m'a brûlé ma voiture. Ma fille a vu quelqu'un se faire tirer dessus en allant à l'école. Ici, ma vie est gâchée".
Un jeune : "je suis Tchétchène d'origine. J'ai connu deux guerres. Pourtant, c'est ici que j'ai peur pour mes enfants".

Christian Estrosi reprend la main. "Nous sommes venus écouter ceux qui souffrent. Vous criez votre colère, et elle est légitime. Je veux rappeler qu'il y a eu des travaux de rénovation considérables, et que nous avons emmené ici le tramway. Je sais que ce n'est pas suffisant, mais nous agissons".
Il appelle également "à ce que chacun prenne ses responsabilités. Nous, nous reviendrons dans un mois avec de nouvelles solutions. J'attends que l'Etat nous accompagne, personne ne va se défiler".
"Avec ce projet collectif que nous allons construire tous ensemble, nous allons gagner les batailles les unes après les autres". L'édile rappelle sa proposition d'ouvrir un centre de rétention (CRA) provisoire pour y accueillir les clandestins qui auraient été entraînés dans les filières de la drogue.
"Mais vous, en tant que citoyens, vous devez travailler avec la police. En tant que parents, vous devez faire respecter les règles à vos enfants, fixer des barrières et veiller à leurs fréquentations. Chacun doit faire sa part d'un travail bien difficile".
La salle qui avait commencé le débat avec des huées applaudit, pour une bonne moitié, le maire. Mais beaucoup ont l'air perplexes.
Le gymnase se vide. Un vieil homme : "on s'est encore déplacés pour de belles paroles". Une mère de famille, qui rassemble ses petits : "il n'y a rien eu de concret ce soir. Mais on a été écoutés. Et ça, ça n'arrive pas tous les jours".