Sous les serres tropicales et entre les allées ombragées du Parc Phoenix, un ballet discret se joue chaque jour à huis clos : celui des soigneurs animaliers. Derrière les volières, les bassins et les enclos, ils sont six à œuvrer pour le bien-être de plus de 300 espèces, dans ce lieu unique à la frontière entre jardin botanique et refuge pour animaux sauvés.
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Le matin, avant que les visiteurs ne franchissent les grilles, ce parc municipal s’éveille dans un calme presque cérémonial.
Frédéric Sonnet, soigneur depuis plusieurs années, arpente les allées entre deux tournées. Il connaît par cœur les pensionnaires du parc : crocodiles, perroquets, loutres, primates, ouistitis, lémuriens, flamants roses, reptiles, insectes…
Mais le Parc Phoenix, longtemps vu comme un simple parc animalier, est aujourd’hui en train de changer de statut. « On est de plus en plus un refuge » explique-t-il. « Beaucoup d’espèces nous sont confiées à la suite de saisies, ou parce que des particuliers ne sont plus en règle. »
Il prend un exemple concret : le gris du Gabon, un perroquet au plumage cendré bien connu. « Son statut a été reclassé en espèce plus protégée. Résultat : certains propriétaires se retrouvent dans une situation administrative compliquée. Ils ne peuvent plus le garder légalement. Alors ils nous l’apportent. »
Attention de chaque instant
La mission principale des soigneurs ? « Environ 80 % de notre travail, c’est l’entretien des enclos, le nettoyage, l’enrichissement de leur environnement » confie Frédéric Sonnet.
L’idée : créer des décors, des aménagements, qui rapprochent le plus possible les animaux de leur habitat naturel, pour qu’ils restent motivés, stimulés, bien dans leur peau. À cela s’ajoutent bien sûr les soins quotidiens : l’alimentation, l’observation comportementale, et le suivi du bien-être.
« L’état de santé d’un animal, ça se voit dans son attitude. S’il ne se comporte pas comme d’habitude, on s’inquiète. C’est notre premier signal d’alerte » précise-t-il.
Les soins vétérinaires à proprement parler sont ensuite assurés en partenariat avec la clinique de Lingostière, spécialisée dans la faune sauvage. Dans les enclos, les gestes sont précis, répétés. Ludovic Berguer, lui aussi soigneur, évoque le rythme quotidien de l’équipe.
Un zoo, oui… mais aussi un lieu d’éducation
« Nous sommes six soigneurs au total, chacun a un secteur plus ou moins attitré. Mais on tourne régulièrement. On peut être amené à travailler dans tous les espaces. »
Et parfois, il faut aussi improviser. « Ce matin, on avait un groupe d’enfants qui n’avaient jamais vu… de la paille ! Alors on fait un peu de pédagogie, on leur montre, on explique. » Au cœur du Parc, la petite ferme permet cette rencontre directe: chèvres, lapins, poules…
« Des espèces simples, mais que certains petits n’ont jamais eu l’occasion de voir, même en photo. » Les animaux qui arrivent ici ne viennent d’ailleurs plus forcément d’autres établissements : beaucoup sont recueillis à la suite d’abandons, de saisies, de situations critiques. « En ce moment, on reçoit énormément de perroquets… et même des poissons rouges! »