L'église Saint-Pierre-d'Arène a vu Nice se transformer au fil des siècles. Depuis ses origines modestes au XVIIe siècle jusqu'à devenir un édifice néoclassique imposant, cette église est un véritable témoin des évolutions de notre cité.
Son histoire commence à une époque où la Prom n'existait pas. "Au XVIIe siècle, il n’y avait rien ici", rembobine Gil Florini, emblématique curé de Saint-Pierre-d'Arène entre 2001 et 2023.
"La rue de France et la promenade des Anglais n’étaient pas tracées, c'était une bande de sable." Ce n’est qu’au XIXe siècle que la ville a commencé à s’étendre et que le quartier a pris forme, avec l’annexion de Nice par la France en 1860.
En 1854, la chapelle d’origine est agrandie pour suivre le rythme d’une ville en pleine expansion. Quelques décennies plus tard, en 1911, Saint-Pierre-d’Arène prend sa forme actuelle, alors que le quartier devient un point névralgique du développement niçois, marqué par la construction d’édifices prestigieux, comme l’hôtel Negresco.
Inachevée
Le style néoclassique de l’église frappe par sa monumentalité, typique de l'époque où la France voulait imposer son influence à Nice. "On reproduisait les grands modèles parisiens, des bâtiments qui témoignaient de la puissance du pays" précise Gil Florini. Mais l’histoire se fige brutalement avec la guerre de 14-18.
Les travaux de l’église s’arrêtent, et Saint-Pierre-d'Arène reste incomplète. "Si vous regardez les piliers, vous verrez qu’ils n’ont jamais été terminés. Les chapiteaux ne sont sculptés que sur deux faces, et les taquets en bois utilisés pour maintenir les pierres sont encore visibles." Même le clocher, prévu dans les plans d’origine, n’a pas vu le jour.
Joyau musical et artistique
Malgré ces "imperfections", l'église n'en demeure pas moins un lieu d’art et de culture. L'orgue de la maison Merklin, datant du XIXe siècle, est un trésor à part entière. Restauré à l'arrivée de Gil Florini en 2001, cet instrument sublime les offices avec ses sonorités uniques. Les vitraux sont eux aussi remarquables.
Certains, récupérés ailleurs, datent du XIXe siècle, tandis que d'autres, plus récents, ajoutent une touche plus moderne à l'édifice. Mais l’œuvre la plus prestigieuse reste sans doute celle d’Andrée Dienis, une niçoise proche d'Henri Matisse. Dienis a réalisé le tympan de l’église ainsi que les anges du chœur, deux éléments qui insufflent une âme unique à Saint-Pierre-d'Arène.
Tournée vers l'avenir
Une histoire riche, mais un futur qui se dessine aussi ! Un projet de rénovation est actuellement à l'étude, avec pour objectif de restaurer la toiture, qui n’a pas été refaite depuis sa construction en 1911.
Un nettoyage de l’extérieur de l'édifice est également prévu. "C'est une nécessité. La toiture est dans un état inquiétant, et nous travaillons étroitement avec la mairie pour obtenir les autorisations nécessaires. Ce projet permettra de préserver ce monument pour les générations futures."
Gil Florini, qui a veillé sur cette église pendant plus de deux décennies, résume son importance en quelques mots. "Saint-Pierre-d'Arène est plus qu'un bâtiment, c’est un témoin de l’évolution de Nice, un symbole de l’identité et de la foi des habitants."
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