La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la plus soumise au risque sismique de toute la France métropolitaine. On dit souvent que Nice serait particulièrement menacée par les tremblements de terre : une inquiétude que les spécialistes peuvent apaiser.
"Pour la situation sismique à et autour de Nice, pas de changement notable. C'est une région où la croûte terrestre se déforme faiblement : les risques sont limités". Pour la spécialiste Anne Deschamps, rien d’alarmant chez nous, contrairement à une idée largement répandue.
Un constat que pose également auprès de Nice-Presse André Laurenti, spécialiste du suivi de la sismicité historique régionale au sein de l’équipe AzurSéisme : "dans le département, 133 des 163 communes se trouvent en zone 4, où l'aléa (c'est à dire le risque, NDLR) est moyen, 29 en zone modérée et 1 en zone faible".
Les espaces où se produisent les mouvements notables dans le 06 sont situés « davantage à l’est du département, notamment la vallée de la Vésubie », si on se base sur l’historique de l’activité. Cela dit, « Depuis 377 ans il n’y a plus eu de séisme destructeur dont l’épicentre était ici ». Une information rassurante, mais André Laurenti reste toutefois prudent : « cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura plus. »
Avant de développer : "les chercheurs ont validé 56 séismes de magnitude (mesure de la puissance d'un mouvement, NDLR) supérieure ou égale à 2,0 dont deux de magnitude 3,0. Parmi ces événements, 6 se sont produits dans les Alpes-Maritimes."
"Pour l’heure, l’activité demeure diffuse. Il n’a pas été observé une activité qui justifierait une inquiétude particulière" note l'expert d'Azur Séisme. Même s'il reste très compliqué "de définir une fréquence sismique dans le département".
À Nice, l'éventualité d'une catastrophe "nationale"
"Dans le pire scénario, il faudrait s’attendre à plus de 2.500 morts et près de 200.000 sans-abris". Ce désastre, c'est un récent rapport (juillet 2019) édité par le Conseil général de l'environnement et du développement durable, qui le développe. "Nice est la seule agglomération de France métropolitaine de plus d’un million d’habitants exposée au niveau moyen d’aléa sismique (4, NDLR). La prévention d’un séisme dans cette ville est donc un enjeu national".
"La survenue récente de séismes en Italie, liés au rapprochement des plaques Europe-Asie, doit être pris en compte pour rappeler que le risque de tels événements à Nice est certain, seule son occurrence temporelle est inconnue"
Rapport du CGEDD - juillet 2019
"Peu d’actions ont été entreprises" tacle le rapport. L'Agence de gestion des risques de la Métropole Nice Côte d'Azur s'intéresse pourtant de près au sujet.
Population peu préparée
« Si vous faites un sondage au niveau de la population locale, vous vous apercevrez que le citoyen n’est pas vraiment conscient du risque et n’est pas suffisamment informé » se désole André Laurenti.
"Des conférences sont données chaque année, mais le sujet n’attire pas les foules. Les gens ne s'y intéressent pas… sauf quand une secousse est ressentie !"
André Laurenti, AzurSéisme
De même, dans les A-M, seules "14 communes sur 163" disposeraient d'un plan de prévention de risques,"la plupart de ceux-ci ont plus de dix ans et sont complètement dépassés" regrette encore le membre de l’équipe Azur Séisme.
Quels risques ?
Anne Deschamps met en garde : "la prévision d'un évènement destructeur étant difficile, la prévention est alors capitale pour en limiter les effets".
Surtout qu'un séisme peut entraîner d'autres catastrophes. À Nice, beaucoup se souviennent encore du tsunami meurtrier d'octobre 1979, qui avait emporté une dizaine de personnes. Il n'a toutefois pas été entraîné par un séisme.
On le sait bien, en cas de tremblement de terre, le problème, c’est la fragilisation voire la destruction des bâtiments, anciens et neufs. Cela dit, certaines constructions sont plus vulnérables que d’autres.
Pour le bâti neuf, « l’application des règles parasismiques ne représente pas trop de difficultés, car les techniques et les matériaux employés sont mieux maîtrisés par les professionnels du bâtiment. » rappelle André Laurenti.
Pour le bâti ancien, beaucoup plus exposé et très présent dans les vieilles villes des différentes cités azuréennes, « il est conseillé à l’occasion de travaux d'aménagement, d'effectuer un diagnostic sur la vulnérabilité acquise du bâtiment et pour cela de faire appel à des professionnels qualifiés et ne pas hésiter à se faire assister par un bureau d’études ou architecte. »
Aujourd’hui, plusieurs dispositifs concrets existent. Il y a dans les communes le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM), obligatoire et à destination du citoyen. Des Plans de Prévention des Risques (PPR) sont également mis en place, et permettent de réglementer l’utilisation des sols en fonction des risques naturels auxquels la commune est soumise.
Amel Benrezzak avec Clément Avarguès