Le Chambre régionale des comptes dévoile les conclusions de son audit sur l'aménagement du littoral et les enjeux environnementaux en Méditerranée. La Région Sud devrait agir davantage, appellent ces experts.
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Peut mieux faire. D'après le dernier rapport de la C.R.C., on pourrait encore plus se retrousser les manches face au péril climatique en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
On le sait, le "littoral de la région est exposé à de fortes vulnérabilités, accentuées par le niveau d’urbanisation et les pressions dues aux activités humaines" qui ne datent pas d'hier. "La population régionale est effet majoritairement concentrée sur une bande côtière large de 25 kilomètres et l’économie locale, portée par l’activité touristique, est polarisée sur les fronts littoraux".
Depuis des décennies, "il en découle une artificialisation continue et mal maîtrisée, un recul des espaces naturels et de la biodiversité, ainsi qu’une exposition accrue des populations et des biens aux risques littoraux (érosion côtière incluse) que l’accélération du changement climatique et l’élévation attendue du niveau de la mer vont intensifier".
La Chambre régionale des comptes s'intéresse à la gestion du conseil régional, "compétent en matière d’aménagement du territoire et chef-de-file pour le climat et la préservation de la biodiversité", depuis 2018.
Contexte : la collectivité présidée par Renaud Muselier doit à la fois affronter au mieux le dérèglement climatique, sans compromettre pour autant le développement économique, plus dépendant de son littoral que les autres territoires français. Dans ce dilemme, la Région Sud serait "dépourvue de lignes directrices claires malgré la présence de risques et d’enjeux littoraux bien identifiés".
"Pas assez de moyens pour la gestion des risques"
Toujours au rayon de son organisation, "la multiplication des instances de gouvernance, plans, stratégies et dispositifs contractuels, sans hiérarchisation des objectifs, rend peu lisible l’action régionale, laquelle souffre d’un déficit d’évaluation empêchant d’en mesurer les effets".
"La politique régionale préserve encore le modèle historique de son développement".
"Si les hypothèses scientifiques et les projections sont connues, les mesures en réponse sont encore trop timides"
Les différentes communes et métropoles auraient aussi trop de libertés à ce niveau : "L’enjeu de l’adaptation est essentiellement traité au travers de dispositifs incitatifs fondés sur la bonne volonté des collectivités. Ces dispositifs souples montrent néanmoins leurs limites".
De même, "les moyens affectés à l’anticipation et à la gestion des risques côtiers restent marginaux dans le budget de la collectivité. Ils sont par ailleurs limités par la faiblesse des initiatives locales".
Que répond le conseil régional ?
"Je tiens à réaffirmer que la Région est résolument engagée sur les enjeux de transition écologique (…), une priorité de son action". Dans un courrier daté du 5 mars 2024, le président Renaud Muselier a répondu à ces conclusions.
La collectivité, assure-t-il, "cherche à trouver, sans jamais les opposer, un juste équilibre entre préservation de l'environnement et développement des activités économiques et des emplois".
Ainsi, "l'ensemble des aides aux entreprises ont été repensées pour progressivement ne financer que des projets ayant un impact significativement positif sur le climat et l'environnement" tout en "encourageant une innovation ciblée sur la transition écologique".
"Je tiens à rappeler que la Région, alors même que cette intervention ne relève pas de ses compétences propres, a engagé une politique forte et volontariste en matière de prévention et gestion des risques naturels pour accompagner l'adaptation des territoires (…) 15 millions d'euros y ont été consacrés en 2022". Un argumentaire qui peut être consulté dans son intégralité par ici.