Confrontés à un effondrement de leurs recettes immobilières et à une flambée de leurs dépenses sociales, de nombreux départements tirent la sonnette d’alarme. François Sauvadet (UDI) a fait entendre leur mécontentement mercredi, évoquant près de soixante territoires en situation critique.
« Vous avez devant vous ce matin un président des Départements de France qui est en colère », a déclaré d’emblée l’élu de la Côte-d’Or, à quinze jours des Assises nationales des départements prévues à Albi.
Selon lui, « en trois ans, l’État (…) nous a imposé six milliards d’euros de dépenses supplémentaires et dans le même temps nous avons perdu 8,5 milliards de ressources ». Ces propos ont été tenus lors d’une conférence de presse qui a dressé un constat alarmant sur la situation financière des départements.
Le bilan est sévère, le nombre de départements en difficulté est passé de quatorze à une soixantaine en seulement deux ans. Une évolution qui illustre la détresse croissante des collectivités.
Tous les types de territoires sont désormais touchés, des départements ruraux aux zones plus urbaines, a précisé François Sauvadet, citant notamment l’Aisne, la Gironde et les Hauts-de-Seine.
Crise budgétaire des départements : l’appel pressant des élus pour éviter l’asphyxie financière
La Gironde, sixième département le plus peuplé de France, symbolise cette crise. Mi-octobre, elle a présenté un budget de fonctionnement en déficit de 97 millions d’euros. Ce déséquilibre a immédiatement déclenché une procédure d’accompagnement de l’État (les collectivités ne pouvant présenter de budget déficitaire en raison d’une « règle d’or »).
Les effets concrets de cette impasse se font déjà ressentir : chute brutale des investissements dans les routes et collèges, difficultés à financer les services d’incendie et de secours, baisse des subventions aux communes et absence de remplacement du personnel.
Le projet de budget 2026 ne semble pas apporter de solution durable, malgré l’ajout d’un fonds de sauvegarde de 300 millions d’euros prévu par le gouvernement. D’après les élus départementaux, cet apport reste insuffisant face à l’ampleur du problème.
D’après l’association Départements de France, les dépenses sociales représentent désormais 70 % des budgets départementaux (contre 54 % il y a dix ans), en raison de la hausse des besoins liés à la protection de l’enfance, au handicap et au vieillissement.
L’organisation chiffre à 575 millions d’euros la contribution exigée des départements pour 2026. « L’État nous demande de participer au redressement des comptes publics sur des dépenses qu’il nous impose, c’est complètement invraisemblable », dénonce François Sauvadet, évoquant un « sentiment d’abandon ».
L’association réclame que l’État garantisse le financement de toute nouvelle dépense et souhaite la mise en place d’un fonds de 600 millions d’euros pour soutenir les départements en détresse financière.
Avec AFP



