Un demi-milliard d'euros d'investissements, des dépenses globalement "vertes", des décisions approuvées par 84% des élus… Dans cet article, nous évoquions le budget 2024 tel qu'il est présenté par la présidence de la Métropole Nice-Côte d'Azur. Place aux arguments des oppositions par ici.
Lapins et merveilles, pour Les Républicains
Les trois élus LR, dans l'opposition pour ce mandat après avoir siégé dans la majorité, n'ont que très peu goutté la présentation faite par Christian Estrosi. Christelle d'Intorni a pointé un "délicieux mélange de bonneteau et d'incantations variées destinées à donner une merveilleuse illusion de santé financière pour notre métropole".
Celle qui est aussi députée des vallées niçoises a accusé l'exécutif de présenter un budget insincère, fait de "tours de passe-passe sur les lignes de trésorerie (…) Une subvention comptée deux fois, etc". "Il est de notoriété publique que plus aucune banque ne veut vous prêter de l'argent" a-t-elle bombardé, une accusation démentie par le président Estrosi dans nos colonnes le 8 mars dernier.
De même, les millions d'euros de recettes supplémentaires projetées sur les transports Lignes d'Azur lui semblent illusoires, compte-tenu de la hausse des tarifs prononcée l'an passé : "le coup du lapin, il fallait oser !" Tout en comparant Christian Estrosi à un enchanteur, "ou presque à Arsène Lupin". Pour finir, "certaines dépenses volumineuses n'apparaissent pas (…) On fait comme on peut, on bidouille".
Et Christelle d'Intorni de conclure : "il ne me restera plus qu'à attendre patiemment 2025, qui sera soit l'année de notre mise sous tutelle pour non-respect de la règle de l'équilibre budgétaire, soit celle de notre entrée dans le réseau d'alerte de la direction des finances publiques".
Par ailleurs, le vice-président du conseil départemental et élu métropolitain, Bernard Chaix, a complété : "Je m’interroge sur l’état des finances et de la dette. Nous avons découvert de nombreux prêts à taux variables dont les coûts sont pharaoniques. Pourquoi avoir recours aux variables ? Quelle stratégie ? Quels risques ?"
Les communes sacrifiées, d'après Reconquête
Du côté du parti d'Eric Zemmour, Valérie Delpech a dénoncé un budget 2024 "trop lourd pour le contribuable (les taux n'augmentent toutefois pas cette année, NDLR) et inéquitable pour les communes".
"Ce qui me frappe et me choque c’est le gel des dotations aux villes et villages : elles stagnent (autour de 10 millions d'euros, NDLR) alors qu’on a gagné deux communes. Nous ne pouvons accepter un rétrécissement de la solidarité. Rapporté au nombre d’habitants, on fait moins bien que d’autres métropoles".
Dette galopante, selon les Verts
Jean-Christophe Picard se lance au nom de la gauche écologiste. "La dette de la Métropole a progressé de 29 millions d'euros depuis 2023. Par habitant, elle s’établit à 3.034 euros. Elle a progressé depuis votre élection, en 2008, de 346%". La Métropole a succédé la communauté urbaine le 1er janvier 2012.
"Les dépenses liées à la transition écologique sont en baisse de 22%, 7% du total sont défavorables à l'environnement. Celles de l'attractivité économique reculent de 40%". Et de souligner un manque de moyens pour le logement social (un plan a été présenté à ce sujet par le vice-président Anthony Borré, résumé dans cet article).
Les réponses de la Métropole
Le président de la commission des finances Philippe Pradal a répondu à chacun des intervenants. Sur certaines lignes "manquantes", il a pu expliquer, par exemple, que la reprise du port Lympia à la chambre de commerce, après négociations, a finalement coûté bien moins cher que prévu, autour de 4,2 millions.
Au niveau des taux de fiscalité, "Nice se place parmi les moins hauts, comparée aux autres métropoles. Nous assumons le niveau de certaines dépenses, pour des services publics de qualité".
Sur le point précis de l'aide aux communes : "la dotation est un outil, mais ce n'est pas le seul. La station Haliotis II va bénéficier à 26 communes, et elle n'est pas intégrée à ce budget des dotations. Nous avons récupéré la compétence des voiries au Département. C'est là aussi un autre budget, qui concerne toutes les villes de la Métropole. Je rappelle aussi que s'agissant des transports, les tarifs de bus sont uniques pour tout le territoire, vous n'avez pas à payer 7,8 ou 9 euros pour rejoindre certains villages, comme on l'a déjà vu".
Et que dire des emprunts contractés avec des taux variables ? "À certains moments de l’année, on obtient des taux inférieurs aux fixes. Ils sont tous signés avec un plafond, et nous avons la capacité de passer à un taux fixe s’il est plus avantageux" promet Philippe Pradal. "Un cabinet extérieur nous compare aux autres collectivités, pour que nous soyons sûrs que nous nous en tirons plutôt mieux que les autres auprès des banques".