Alexandre Chavance avec Clément Avarguès
L’ancien patron d’Anticor, cette association qui lutte contre la corruption et pour la transparence dans la vie publique, dévoile au coeur de l’élection présidentielle un vrai précis pour réformer le système.
« Le chevalier blanc ». Dans le marigot niçois, certains lui ont donné ce petit surnom un brin moqueur. Qu’importe, l’élu de l’opposition écolo Jean-Christophe Picard est devenu une vraie référence dans son domaine.
Pour parvenir à « rétablir la confiance entre les élus et leurs électeurs, il faut réformer les modalités de financement des partis politiques et des campagnes électorales » plaide-t-il à une vingtaine de jours du premier tour.
Parmi les quinze mesures qu’il met sur la table dans ce rapport de l’Observatoire de l’éthique publique (disponible par ici), la suppression de la possibilité pour les personnes physiques de verser des dons aux partis politiques et aux candidats. Pour ce faire, l’aide publique devrait être calculée autrement. L’idée est aussi de faire sauter les niches fiscales dont bénéficient ces « généreux » donateurs.
Au niveau européen, Jean-Christophe Picard propose d’interdire le financement des partis par des entreprises privées.
Ça, c’est pour l’amont. En aval, l’urgence serait aussi de contrôler les dépenses effectuées dans chaque campagne. Sans exception: « imposons aux candidats aux élections municipales dans les communes d’au moins 2.500 habitants – au lieu de 9.000 actuellement – de déposer un compte de campagne à la CNCCFP ».
Commission nationale dont les pouvoirs « sont encore trop limités ».
Le conseiller municipal et métropolitain niçois n’oublie pas la participation de la population, proposant une « veille citoyenne consistant à rendre publiques, à intervalles réguliers, les dépenses engagées par les candidats à l’élection présidentielle ».
En cas de non-respect de cette nouvelle règlementation, une sanction d’inéligibilité serait réellement instaurée « pour les candidats à l’élection présidentielle qui dépasseraient le plafond des dépenses fixé ou qui verraient leur compte de campagne rejeté. »
Jean-Christophe Picard est l’auteur de La Colère et le Courage, paru aux éditions Armand Colin. En octobre 2019, il dénonçait dans nos colonnes « les recrutements familiaux » à Nice et formulait 30 propositions pour moraliser la vie publique.
Le 14 février dernier, il regrettait une « faille énorme » dans le fonctionnement de la Métropole Nice Côte d’Azur: « La loi ne permet pas à toutes les oppositions d’être présentes dans les commissions. C’est complètement fou, puisque toute la commande publique se fait sans le contrôle de l’opposition. Des dossiers clés ont pourtant été délégués à Nice Côte d’Azur, comme les transports ou la gestion des déchets. Il faut que cela évolue. »