À deux jours du second tour des régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Franck Viano, figure de notre cuisine locale et fondateur du Collectif des Artistes de Nice, prend la parole et s’engage contre la montée en puissance du Rassemblement national. Pour lui, l’élection de Thierry Mariani, “qui manque cruellement de valeurs et de compétences”, ferait courir des “risques bien trop grands au secteur culturel”.
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NICE-PRESSE - Pourquoi prenez-vous position dans cette élection ?
Franck Viano : “Je donne mon avis personnel, de citoyen. Ce n’est pas toujours facile, pour chacun d’entre nous, de donner une opinion sur des sujets politiques. Des personnalités du monde culturel ont eu le courage de le faire, notamment à Nice (dont Murielle Mayette-Holtz, la directrice du Théâtre national, NDLR).
Mais je m’exprime parce que je regrette également de ne pas avoir vu tant de groupements que cela faire surface pour dénoncer le danger qui est face à nous.
J’aurais aimé voir des sportifs s’engager, des restaurateurs… Pareil, le “front républicain” apparaît usé et ne semble plus faire effet. Alors tout le monde doit se mobiliser.
Que craignez-vous d’une éventuelle élection de la liste de Thierry Mariani ?
“Le RN a montré sa non-existence dans le secteur culturel. Les collectivités qu’il dirige ne sont pas des exemples très brillants ! Aujourd’hui on sait pertinemment que l’extrême droite agit pour ‘sa culture.”
Dans une interview publiée dans nos colonnes, ils expliquent pourtant vouloir sanctuariser voire augmenter le budget, agir pour les traditions comme pour le contemporain… Vous n’y croyez pas ?
“Mais jamais de la vie ! C’est évident. J’ai entendu Mariani dire ‘les associations culturelles de gauche n’ont rien à craindre’. S’il le dit, c’est déjà qu’il faut avoir peur ! Pourquoi faudrait-il donner une coloration à une association culturelle ?
Les assos qui ont un discours qui ne convient pas à ce type de personnes, elles ne seront plus financées et disparaîtront.
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Vous craignez un programme traditionaliste ?
“C’est ce qui est marqué dans leurs tracts, avec cette idée de ‘culture enracinée’. Le RN, c’est comme un ticket de la française des jeux, en grattant tu ne sais jamais ce qu’il y a derrière. N’ont-ils pas osé dire ‘identitaire’ pour ne pas froisser (Philippe) Vardon ?
Le secteur a beaucoup souffert, la relance n’est pas évidente, certains cinémas et théâtres ont parfois des salles presque vides. Nous devons réinventer la culture, le chantier est immense. Il faut quelqu’un de la stature de Renaud Muselier pour le mener à bien.”
N’est-ce pas un procès d’intention quand on se rappelle que Thierry Mariani a agi pour le théâtre de rue à Valréas, que sa tête de liste dans notre département, Alexandra Masson-Bettati, a un parcours solide dans le milieu ?
“Nous avons des faits qui nous montrent que leur action dans les collectivités qu’ils ont su conquérir est désastreuse. Je ne crois pas une seconde que la Région soutiendra encore le théâtre de rue avec une présidence Mariani ! Je parle de la culture mais je pourrai aborder le cas de bien d’autres assos que l’on estime tournées vers la gauche. Je pense, par exemple, que la communauté LGBT a de gros soucis à se faire si le RN arrive à la tête du conseil régional.”
Comme Renaud Muselier, vous craignez l’entrée en fonction de “sous-doués du RN”?
“L’administration d’une Région, c’est immense. Il faut agréger énormément de personnels compétents, motivés, concernés. Le Rassemblement national n’a pas ça dans ses rangs. Il y a très, très peu de personnes compétentes chez eux. Moi, je suis fonctionnaire à la Ville de Nice. Si la mairie passait à l’extrême droite, je partirais immédiatement. Ces gens là n’ont rien à faire aux responsabilités, ils n’ont pas les épaules pour ça. Le risque serait trop grand, on na va pas jouer à la roulette russe avec les cinq millions d’habitants de Paca.”
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Pourquoi, s’il y a un danger tel, entend-on si peu les artistes ?
“Effectivement, ils ne se mêlent plus autant de politique qu’il y a quelques années. Ce n’est pas évident pour eux, puisque les conséquences en termes d’aides peuvent être très importantes. Mais beaucoup de gens se bougent !”
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