À Marseille, le procureur a requis dix ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, contre Jean et Viviane B les fondateurs de la société Apollonia, au cœur d’une vaste escroquerie financière estimée à plus d’un milliard d’euros.
Jean et Viviane B sont accusés d’avoir conçu, organisé et profité de ce que le parquet qualifie de « bande organisée ». Pour le magistrat, leur responsabilité est « accablante ». Il a exigé que le couple soit immédiatement incarcéré, craignant un « risque de fuite très élevé ».
Un couple au centre d’une escroquerie de grande ampleur
Lors des deux mois d’audience devant le tribunal correctionnel de Marseille, Jean et Viviane B ont rejeté toute responsabilité, renvoyant la faute sur les autres acteurs du dossier, y compris les victimes elles-mêmes. Une posture vivement critiquée par le procureur Mathieu Vernaudon, qui a dénoncé leur « mépris » envers les parties civiles.
Le parquet a également réclamé une amende de cinq millions d’euros à leur encontre – soit 2,5 millions chacun – ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer toute activité liée aux secteurs immobilier et financier, et de diriger une entreprise.
Peines de prison ferme pour les autres prévenus
Treize autres personnes comparaissent aux côtés des B. Pour elles aussi, le ministère public a requis des peines de prison ferme, assorties de mandats de dépôt. Parmi les prévenus figurent notamment des commerciaux de la société Apollonia ainsi qu’un avocat ayant conseillé l’entreprise.
Concernant les trois notaires poursuivis, le procureur a demandé des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement, dont trois avec sursis probatoire, ainsi qu’une amende d’un million d’euros. Il réclame par ailleurs leur interdiction définitive d’exercer la profession de notaire.
Une escroquerie inédite par son envergure et sa structure
Durant près de quatre heures, le procureur a déroulé une démonstration méthodique. Il a qualifié l’affaire Apollonia de « plus grande escroquerie par une structure unique que la France ait jamais connue », évoquant un préjudice global de 1,2 milliard d’euros. Un chiffre à peine inférieur à celui de la fraude à la taxe carbone, mais cette dernière impliquait plusieurs entités indépendantes, a-t-il précisé.
Selon le magistrat, le fonctionnement même d’Apollonia révélait un désintérêt complet pour les investisseurs : « Apollonia vend du médecin à des promoteurs et des banques », a-t-il résumé. « Il est dans l’intérêt du promoteur que le prix soit le plus élevé possible, que le taux d’intérêt soit le plus élevé possible, et que la commission d’Apollonia soit la plus élevée possible ».
Les 750 clients floués – pour la plupart des professionnels de santé tels que des médecins, dentistes ou kinésithérapeutes – ont été victimes, selon lui, d’un système « extrêmement sophistiqué ». Il a insisté : « Ils n’ont pas à avoir honte d’avoir succombé ».
Avec AFP