Cet entretien a été originalement publié dans notre journal culturel Nice-Capitale
À l’occasion du Crossover Festival, l’auteur-compositeur Fakear s’est produit ce vendredi 20 août au théâtre de Verdure à Nice. Après de longs mois d’attente suite à la pandémie du Covid-19, le DJ français qui cartonne depuis 2013 a finalement pu retrouver le chemin de la scène. Nous l’avons rencontré.
NICE-PRESSE : Vous donnez un concert dans notre cité. Quel rapport entretenez-vous avec cette ville ?
Fakear : « Je n’ai pas du tout l’habitude de venir ici. Je suis plutôt du Nord (de Caen, NDLR), donc le Sud pour moi, c’est synonyme de vacances. C’est un peu joindre l’utile à l’agréable d’être ici pour un concert, c’est vraiment trop chouette ! »
Vous avez enfin pu remonter sur scène cet été…
« Ça fait vraiment du bien ! Je n’avais pas réalisé à quel point les concerts faisaient partie intégrante de ma vie et qu’ils m’avaient construit en tant que personne.
Quand ils se sont arrêtés, j’ai vraiment été déséquilibré. Mais il faut dire que j’ai mis du temps à le réaliser, je ne voulais pas l’admettre.
D’un seul coup, il n’y avait plus de spectateurs devant moi qui criaient et je me suis retrouvé triste. Je voyais ça comme un truc hyper égocentrique. Mais finalement je dirais que ça va plus loin, c’est aussi au niveau de l’énergie. J’en avais énormément emmagasiné et petit à petit elle s’est transformée en colère. Le fait de reprendre m’a permis de retrouver mon équilibre, d’être apaisé. »
Ce lien avec le public, qu’est-ce que ça fait de le ressentir à nouveau ?
« C’est euphorique. Les gens sont dans le même état que nous, dans la même ambiance. Il y a une espèce de joie un peu enfantine qui se met en place. Tout le monde est content, c’est super.
Mais c’est aussi intimidant, il y a une espèce de stress et de pression que je ne ressentais plus vraiment fin 2018–2019 puisque j’enchainais beaucoup les concerts.
Reprendre, ça me procure un trac que je n’avais plus connu depuis longtemps, il faut que je 're-dompte' ça en moi. »
En 2020, vous avez sorti votre troisième album « Everything Will Grow Again ».
« C’est un album qui a été créé avant le confinement. On avait décidé de le sortir en juin 2020, car on pensait qu’à l’automne ça allait reprendre… Perdu !
Ça été un processus sympa, mais différent. J’avais l’impression que cet album était un peu la direction que je voulais donner à mon projet Fakear, qu’il allait devenir son identité.
Finalement, avec le temps qui passe, je réalise que non. Maintenant, je le vois plus comme une pièce de la même maison que j’ai construite. C’est une nouvelle brique mais ce n’est pas non plus l’essence même.
Il y a tout ce travail de détachement qui fait que j’en suis très content. Je le vois comme une étape, une espèce d’évolution. »
Pourquoi avoir choisi ce titre ?
« Pour moi ça veut dire « tout repoussera de nouveau quoi qu’il…». Il y a quelque chose d’un peu écologique derrière ça. Le pire truc que l’on va pouvoir faire, ce sera la destruction de l’humanité, mais pas de la planète. Elle s’en remettra. Finalement, on ne représente qu’une seconde de sa vie.
On dit qu’il faut protéger la nature, oui mais pourquoi ? Car nous sommes en danger. Si on ne sauve pas nos forêts, nous risquons de mourir. Mais la planète, elle ira très bien. Ça me rassure presque de me dire 'd’accord, l’humanité est en train de tout détruire, mais la terre repoussera'.
C’est peu ce qu’il y a dans ce titre. C’est assez fataliste. Au final on est des toutes petites choses au sein d’un truc beaucoup plus vivant qui nous dépasse. »
C’est aussi un peu l’album du changement, avec notamment un son plus électronique ?
« Oui. J’ai collaboré avec Alex Metric, il m’a aidé a le finaliser. Il vient de la scène un peu plus dansante, donc c’est très teinté de cette patte. C’était une superbe collaboration, ça m’a appris énormément de choses techniquement parlant, dans la manière de créer ou de gérer le son en studio.
Ça a vraiment élargi mon champ de compétences. Il a amené cette couleur davantage 'club' que je voulais moi aussi, à ce moment-là. Ce sont donc des sons plus rapides avec beaucoup plus de teintes synthétiques. On a laissé moins de place à cet univers un peu onirique et naturel qu’il y a dans Fakear d’habitude. »
Quels sont vos projets pour la suite ?
« Il y a cette tournée qui a été décalée plusieurs fois, et qui est prévue pour le printemps 2022.
Je vais donc forcément ressortir de la musique, il le faut pour cette tournée, à fond ! Mais le prochain album, ça ne sera pas pour tout de suite. J’aimerais prendre mon temps. »