Lundi 9 août, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié le premier des trois volets de son sixième rapport d’évaluation de la situation actuelle, ainsi que de son "évolution prévisible". Un document dont les conclusions s’observent, évidemment, tout près de chez nous.
« Chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude que toute décennie depuis 1850 ». Les catastrophes naturelles s’accumulent. Localement, la tempête Alex a dévasté la vallée de la Roya en octobre dernier : conséquence d’une situation qui alarme les associations locales de protection de l’environnement.
Michel Gasiglia, ancien président de Métropole Bleue, n’est « pas surpris » : « c’est dans la suite de ce que l’on pouvait prévoir ». « On ne préserve pas les espaces en capacité d'absorber les eaux qui pourraient survenir d’épisodes pluvieux extraordinaires » ajoute-t-il.
Pour lui, c'est clair : « nous n'avons pas une politique environnementale à la hauteur. » « Dépité », il a quitté la présidence de l’association pour une raison précise : « Si j’ai abandonné ce rôle et les questions d’environnement sur la Métropole Nice Côte d’Azur c’est précisément parce que je trouvais que les réponses n’étaient pas à la hauteur des défis. Mon départ est un peu révélateur d’un constat d’échec ».
Responsabilité humaine
Affirmation claire dans le rapport du GIEC : le rôle de l’Homme n’est pas supposé, il est sans équivoque.
Un état de fait que Michel Gasiglia souligne : « le problème concerne les élus, certes, mais aussi la population, assez insouciante par rapport à ces problèmes ». Le rapport établit des prévisions sur les conséquences de la pollution humaine : augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements climatologiques extrêmes et des catastrophes naturelles, une dépassement du seuil des +1,5°C , initialement prévu vers 2040, vers 2030, une montée des eaux « irréversible »…
L’alerte est maximale, et doit « sonner le glas » des énergies fossiles qui « détruisent la planète » selon Antionio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.
« Beaucoup d’écologie cosmétique »
Le « manque de traitement de fond » du problème est « évident » pour l’ancien président de Métropole Bleue : « On n’apporte pas de réponse satisfaisante : on fait beaucoup d’écologie cosmétique. Ça manque de sérieux, de profondeur, de travail sur la durée » : un tacle à peine déguisé adressé aux actions mises en place par la Métropole NCA pour verdir son blason, comme les zones piétonnes, l’augmentation du nombre de pistes cyclables…
Clémence Mazard, chargée de mission climat/énergie pour la FNE PACA (France Nature Environnement), « déplore » également « le manque de réactivité de la part des élus ».
D'après elle, « localement, il y a tant à faire : réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre, NDLR) dans tous les secteurs : réduire les consommations d’énergie des logements, développer les mobilités actives et les transports en commun pour réduire la place du transport routier, développer intelligemment les énergies renouvelables, faire la transition vers une agriculture basée sur les principes de l’agroécologie… ».
Pour Michel Gasiglia, il faut cibler en priorité le « déficit très important d’espaces verts » dans « les zones urbanisées », car « on n’a pas fait suffisamment pour préserver des espaces naturels au cœur des ville », mais aussi « l’énorme problème de la circulation ».
« Les deux lignes de tramway sont des éléments positifs : avec le temps on se rendra compte que c’était un bon choix, et que c’était nécessaire. Mais cela ne suffit pas. »
Michel Gasiglia
Il faudrait également, d'après Clémence Mazard, « stopper l’étalement urbain, adopter des pratiques d’exploitation forestières durables, développer la végétation dans nos communes, repenser l’urbanisation pour limiter les risques inondation, préserver et restaurer les milieux aquatiques et les zones humides, désartificialiser les littoraux… »
À trois mois de la COP 26 de Novembre à Glasgow, les défenseurs de l’environnement espèrent que le rapport agira comme un électrochoc, et influencera la prise de décision internationale quant à la marche à suivre pour lutter contre le dérèglement climatique.
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