Trois mois après les Jeux de Paris, il faut mettre sur orbite les JO d'hiver de 2030 prévus dans les Alpes mais, pour présider le futur comité d'organisation, les régions et l'Etat tergiversent autour du nom de l'ancien biathlète Martin Fourcade, toujours en piste.
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"Tout le monde est d'accord pour que ce soit un sportif", ont assuré plusieurs sources à l'AFP ces dernières semaines.
Oui, mais qui ? Une réunion doit se tenir jeudi à Matignon et le nom du futur patron des JO pourrait être annoncé. Le quintuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade, qui a rangé ses skis en 2020, semble sur le papier le candidat idéal pour incarner ces futurs JO d'hiver.
Le président de la République a lui-même adoubé le Pyrénéen en le considérant cet été dans L'Equipe comme le "Tony Estanguet des montagnes". Le champion était à la tribune en juillet aux côtés d'Emmanuel Macron, justement, pour défendre la candidature de la France devant le CIO, à quelques jours de l'ouverture des Jeux de Paris.
"Wauquiez n'en veut pas"
Mais, depuis septembre, il "ne tenait plus la corde", avaient alors expliqué à l'AFP plusieurs sources impliquées dans le dossier.
Ses détracteurs mettent en avant des prétentions salariales trop élevées et des contrats de parrainage susceptibles de faire naitre des conflits d'intérêts.
Membre du CA du Comité d'organisation des JO de Paris et de la commission des athlètes du CIO, l'intéressé s'est défendu dans une longue interview à L'Equipe, faisant officiellement acte de candidature. "Les deux partenariats au long cours que je peux avoir sont avec des marques techniques qui, à mon sens, ne sont pas en contradiction avec les enjeux de partenariat du comité d'organisation, Rossignol et Odlo", a-t-il lancé.
"L'Elysée veut Fourcade, (Laurent) Wauquiez n’en veut pas", résument plusieurs sources pour décrypter la bataille menée en coulisses entre l'exécutif et l'ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le Premier ministre Michel Barnier, qui a été co-président du comité d'organisation des JO d'Albertville en 1992, regarde l'affaire olympique de près, de même que l'ancien délégué interministériel aux JO Michel Cadot, devenu l'un de ses conseillers.
"Trop indépendant"
Et l'histoire n'est pas finie. "Fourcade était hors-jeu il y a 15 jours mais l'Elysée et le CIO sont intervenus et il revient dans la course", a fait savoir à l'AFP une source proche du dossier. "Le seul qui peut tenir la comparaison avec Estanguet, c’est Fourcade", ajoute-t-elle.
Derrière la question du salaire et l'anticipation d'éventuels conflits d'intérêts, "certains considèrent surtout qu'il est un peu trop indépendant", ont décrypté plusieurs sources à l'AFP.
Portée par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, et en particulier Laurent Wauquiez, devenu depuis la dissolution patron des députés LR, la candidature de la France pour 2030 s'est imposée en un éclair, soutenue aussi par le président du Comité olympique français, David Lappartient, issu également de la droite. Ce dernier brigue par ailleurs la tête du CIO.
Le nom d'un autre biathlète, Vincent Jay, circule aussi beaucoup, ou encore celui de Marie Martinod, championne de ski acrobatique. "Je refuse d'entrer dans une guerre des noms", a récemment expliqué à l'AFP Renaud Muselier, président de Paca. "Ça va se jouer sur la feuille de poste. On fait une feuille de poste avec un mode de fonctionnement qui n'est pas le même qu’à Paris", a-t-il ajouté.
M. Muselier a poussé pour qu'il y ait une femme. "Elles ont des égos différents des hommes, c'est incroyable", selon lui.
L'Etat et les régions planchent aussi sur le mécanisme institutionnel. A priori, le futur Cojo sera une association, comme "Paris-2024", basée en Auvergne-Rhône-Alpes. La Solideo, future structure chargée de construire les ouvrages olympiques, devrait être basée à Marseille.
Une loi olympique devra être votée pour encadrer l'évènement (voies de recours, fiscalité, règles liées à la publicité…). Le budget prévisionnel tourne autour de deux milliards d'euros pour l'organisation, et un milliard pour les infrastructures.
La garantie financière de l'Etat, qui n'avait pas été donnée à temps à cause de la dissolution de l'Assemblée en juin, doit encore être votée dans le budget.
Alors que le sort des JO d'hiver paraît compté dans un avenir avec moins de neige, l'octuple championne paralympique de ski Marie Bochet, qui a aussi porté la candidature avec Martin Fourcade, veut que cette édition de 2030 soit en accord avec "une ère un peu plus raisonnée".