La candidature des Alpes françaises est entrée en négociations exclusives avec le CIO afin d’organiser les Jeux olympiques d’hiver en 2030. Une annonce qui engendre de nombreux enjeux.
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C’est une nouvelle qui, à quelques mois des Jeux olympiques 2024, provoque de la joie pour certains, et des craintes pour d’autres. Mercredi 29 novembre, le Comité international olympique (CIO) a annoncé que seules les Alpes françaises ont été retenues pour entrer en dialogue exclusif avec l’instance.
Concrètement, cela signifie que les autres candidats, la Suède et la Suisse, n’ont pas montré de garanties suffisantes. La France est la dernière en lice, la Région Sud et l’Auvergne-Rhône-Alpes organiseront donc les épreuves.
Parmi les nombreux sites retenus pour les accueillir, Nice occupera une place centrale, avec le hockey sur glace, le short-track, le patinage artistique et le curling. La station de ski d'Isola 2000 sera le théâtre des épreuves de ski cross et de snowboardcross.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la station de Montgenèvre (Hautes-Alpes) accueillera le ski slopestyle, le snowboard slopestyle, le snowboard slalom géant parallèle ainsi que le ski et le snowboard big air. La station de Serre-Chevalier a été choisie pour le ski et le snowboard halfpipe, le ski acrobatique et les bosses.
Deux nouvelles patinoires à Nice
La collectivité d’Auvergne-Rhône-Alpes aura elle six secteurs dédiés aux épreuves des JO : Courchevel (saut à skis, combiné nordique, alpin hommes), Méribel (alpin femmes), Val-d’Isère (slaloms hommes et femmes), la Plagne (bobsleigh, luge, skeleton), la Clusaz (ski de fond) et le Grand Bornand (biathlon).
Pour Nice, deux nouvelles patinoires seront bâties à l’Ouest de la ville selon Var-Matin. La première servira pour le tournoi le hockey masculin et sera équipée de 12.000 places. Elle verra le jour près du stade Allianz Riviera. La seconde, d’une capacité de 6.000 sièges, sortira de terre le long de la Plaine du Var. Elle sera utilisée pour le hockey féminin et le para-hockey.
Ces bâtiments s'inscriraient dans la durée dans notre cité, puisque la seconde patinoire deviendrait l'antre des Aigles de Nice et des patineurs artistiques. La plus grande se transformera en "Palais des Sports modulable", qui pourrait abriter les autres clubs de notre ville.
Ajoutons aussi le futur centre événementiel, construit d’ici à 2025 sur le quai Infernet. Dans un premier temps, il accueillera la conférence des Nations unies pour l'océan, puis serait le centre de presse lors des Jeux olympiques.
La cérémonie de clôture pourrait se dérouler dans la capitale maralpine, possiblement à l'Allianz Riviera, mais rien n'est encore officiel. Quant à l’ouverture de la quinzaine, elle aura lieu en Auvergne-Rhône-Alpes. Le lieu restant encore à définir.
Un budget compris entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros
Dans une volonté d'organiser des JO "sobres" et "responsables", la France s’appuiera sur des sites déjà existants à 95%. Les quatre pôles sélectionnés sont distants de 500 kilomètres. Le coût de l’organisation devrait se situer entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros, un montant en rien comparable (si le budget est réellement tenu…) aux 22 milliards d'euros des Jeux de Sotchi en 2014.
Une somme qui reposera en partie sur le sponsoring et le mécénat, mais aussi l’État et les collectivités.
Pour les retombées économiques, des chiffres précis devraient être annoncés dans les mois à venir, elles seront le fruit, entre autres, des nuits d’hôtel, de la restauration et des diverses dépenses des spectateurs et touristes.
Pour Estrosi, une occasion de "faire briller la France dans le monde"
Le communiqué du CIO a déclenché une vague de félicitations de la part de nombreux élus français, à commencer par le Président de la République, Emmanuel Macron, qui s’enthousiasme pour "des Jeux innovants, durables et inclusifs, qui vont faire rayonner la France et sa montagne".
Pour Christian Estrosi, le maire niçois, ces JO "sont une formidable opportunité pour Nice : celle de faire briller la France dans le monde mais également de doter notre territoire d’équipements qui marqueront le XXIe siècle."
Enfin, Renaud Muselier, le président de la Région Sud, assure que "cette candidature s’inscrit directement dans le cadre de notre Plan climat "Une Cop d’Avance", de notre budget 100% climat, premier budget vert d’Europe. Avec un objectif clair : des JO plus sobres, qui désenclavent les Alpes, qui réduisent considérablement les coûts financiers, et reviennent à l’origine des Jeux d’hiver : neige et chalets."
Quelles critiques ?
Des réactions positives, mais pas partagées par tous, principalement du côté des Verts. "Le CIO aurait-il intérêt à privilégier le seul pays qui ne consulterait pas sa population ?", s’interrogent les élus écologistes maralpins. Ces derniers exigent un référendum national sur le sujet.
"L’économie du ski est en péril et ne tient sa survie qu’à la neige artificielle, à la spéculation immobilière et aux subventions publiques", ils estiment que l’Hexagone "ajouterait au moins un million de tonnes à ses émissions territoriales de CO2, plus de 50 % des émissions en montagne provenant de la mobilité".
Pour les Écologistes, "le budget annoncé de 1,5 milliard d’euros pour un événement de 15 jours est indécent face aux enjeux de nos territoires."
Diverses associations, comme "Résilience Montagne", n’en veulent pas. "Je trouve dommage que l'on en soit encore à organiser ce genre d'événements pour faire croire que la montagne est belle. Elle est belle, mais on n'a pas besoin de ce type d'événement hyper polluant, et de projets du siècle dernier, ce n'est pas normal" a déploré la présidente Valérie Paumier sur France Bleu.
Quant au collectif NOJO, il dénonce la manifestation sportive se déroulant sur des montagnes "aux enneigements de plus en plus réduits. S’engager sur un tel événement revient à se voiler la face tout en ralentissant une transition de l’économie de montagne, trop dépendante du ski."
Martine Noraz, co-présidente de l’organisme "Vivre et Agir" en Maurienne, tacle elle la promesse de JO écologiques. "Quand vous faites venir des gens de l'autre bout de la planète pour cet événement, il faut des transports qui suivent, ce qui n'est pas le cas actuellement. On a aussi recours à la neige artificielle, qui consomme de l'eau, donc on va être vigilant sur tout ce qui va se construire de nouveau, parce que même si certaines infrastructures existent, il va falloir faire des travaux. On ne va pas abandonner."
Un rassemblement est d’ailleurs prévu samedi 2 décembre à Albertville (Savoie) à partir de 14 heures. Les opposants aux Jeux sont encouragés à venir avec des tenues de sports d'hiver vintages et des vieux skis.
Les habitants majoritairement favorables ?
Pour rappel, un sondage publié en octobre 2023 estimait que 73% des habitants des Alpes-Maritimes et des Hautes-Alpes sont favorables à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2030 sur leur territoire.
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