Dimanche à Nice, les dirigeants du monde entier sont attendus pour la troisième conférence des Nations unies sur les océans, un sommet que le président Emmanuel Macron souhaite transformer en moment de « mobilisation », malgré le boycott des États-Unis.
Près d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le président brésilien Lula, convergeront vers la Côte d’Azur pour assister à une parade maritime organisée à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, avant l’ouverture officielle de la conférence Unoc 3 lundi.
Des enjeux majeurs au cœur des discussions internationales
Jusqu’au 13 juin, les débats porteront sur des sujets cruciaux : l’exploitation minière des fonds marins, un traité international contre la pollution plastique, ainsi que la régulation de la surpêche et de la pêche illégale. Emmanuel Macron a déclaré au quotidien Ouest-France que ce sommet représente une « mobilisation, dans un moment, politiquement, où les questions climatiques sont remises en cause par certains », tout en déplorant « une tentation de retrait américain ».
En effet, les États-Unis, détenteurs du premier domaine maritime mondial, ont choisi de ne pas envoyer de délégation, comme ce fut le cas lors des négociations climatiques récentes. Fin avril, le président américain Donald Trump a annoncé l’ouverture unilatérale de l’extraction minière dans les eaux internationales du Pacifique, contournant l’Autorité internationale des fonds marins, à laquelle les États-Unis ne sont pas membres.
Ambitions françaises revues à la baisse
La France a dû adapter ses ambitions pour cette première conférence onusienne organisée dans l’Hexagone depuis la COP21 en 2015. Les 60 ratifications nécessaires à une entrée rapide en vigueur du traité protégeant la haute mer ne sont pas attendues avant la fin de l’année. Ce traité, adopté en 2023, vise à préserver les écosystèmes marins dans les eaux internationales, qui couvrent près de la moitié de la planète.
Par ailleurs, Paris espère élargir la coalition de 33 pays favorables à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. Les négociations s’étendront aussi à un traité contre la pollution plastique, dont les pourparlers reprendront en août à Genève, ainsi qu’à des accords visant à lutter contre la pêche illégale et la surpêche.
Mobilisation financière et politique encore insuffisante ?
Les océans couvrent 70,8 % de la surface de la Terre mais restent le secteur le moins financé parmi les 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU. L’Élysée a précisé que le sommet de Nice « n’est pas à proprement parler une conférence de mobilisation de fonds », alors que le Costa Rica, coorganisateur de l’événement, espère mobiliser 100 milliards de dollars pour le développement durable des océans.
Brian O’Donnell, directeur de Campaign for Nature, une ONG en faveur de la protection marine, dénonce un paradoxe : « Nous avons créé cette sorte de mythe selon lequel les gouvernements n’ont pas d’argent pour la conservation des océans. Il y a de l’argent. Il n’y a pas de volonté politique. »
Sécurité renforcée pour un sommet sous haute surveillance
Pour garantir la sécurité du sommet, jusqu’à 5 000 policiers, gendarmes et militaires ont été mobilisés, même si les autorités n’ont pas signalé de « menace spécifique ». Emmanuel Macron, qui rejoindra Nice en bateau depuis Monaco où il clôture un forum sur l’économie et la finance bleue, devra prendre connaissance des recommandations du congrès scientifique précédent la conférence, ainsi que du nouveau baromètre Starfish, qui mesure l’état critique d’un océan surexploité et en surchauffe.
Sous la pression des ONG, le président français a annoncé samedi une limitation du chalutage de fond dans certaines aires marines protégées afin de mieux sauvegarder les écosystèmes. La journée s’achèvera par un dîner officiel au palace Le Negresco, réunissant chefs d’État et de gouvernement autour d’un menu mettant à l’honneur légumes de saison et poissons de Méditerranée.
Avec AFP