Avec plus de 278 000 spectateurs en seulement quatre semaines, le film chrétien « Sacré Coeur » continue d’attirer le public, malgré des controverses liées à la laïcité lors de sa sortie. Ce succès repose largement sur un bouche-à-oreille nourri dans les paroisses et soutenu par les médias.
Ce docu-fiction, signé Steven et Sabrina Gunnell, s’intéresse aux apparitions du Christ au XVIIe siècle à une sainte bourguignonne, qui aurait ressenti toute sa vie des brûlures au cœur. L’œuvre retrace ensuite la dévotion au « cœur sacré de Jésus » qui en découla.
Alternant reconstitutions historiques et témoignages de croyants, le long-métrage met en avant plusieurs personnalités chrétiennes comme l’abbé Matthieu Raffray, proche des milieux catholiques identitaires, ou encore Louis Bouffard, étudiant en droit atteint de myopathie de Duchenne, connu pour ses prises de position sur la loi relative à l’aide à mourir.
Depuis sa sortie le 1er octobre, « Sacré Coeur » n’a cessé de gagner en audience, atteignant plus de 80 000 entrées durant la quatrième semaine, contre environ 47 000 lors de la première, selon les chiffres de ComScore et CBO Box-office.
Ce succès a entraîné une diffusion élargie du film, passant selon son distributeur de 149 à 350 salles, avec une moyenne de 49 spectateurs par projection (un chiffre supérieur à celui de « Kaamelott : deuxième volet » (28), actuellement en tête du box-office).
Un engouement porté par les paroisses et un bouche-à-oreille actif
Pour Hubert de Torcy, président du distributeur SAJE et « premier surpris par ce succès », le bouche-à-oreille a été l’élément clé de la promotion.
Affiches à l’entrée des églises, partage des horaires de séances sur WhatsApp, moments conviviaux avec les fidèles pour échanger autour du film ( le père Jean-Marc Pimpaneau, curé de l’église Saint-Louis d’Antin à Paris, s’est investi dans la diffusion du docu-fiction. « J’ai senti que c’était ma mission de le promouvoir », explique-t-il, ayant même convaincu le cinéma voisin d’ajouter des séances.
La majorité des spectateurs rencontrés par l’AFP ont découvert le film par leur paroisse, à l’image d’Alix de Broissia, paysagiste de 45 ans, qui a assisté à une projection complète à Paris. Même constat pour Fanny Poupeau, commerciale, qui confie : « L’affiche du film est dans toutes les églises. Dans ma paroisse, on en parle beaucoup ». Son mari, Guillaume Poupeau, fonctionnaire, se montre plus mesuré : « Le film essaye de jouer sur tous les tableaux. J’ai beaucoup aimé la partie historique, plus ludique, mais beaucoup moins la partie mystique ».
Des polémiques qui renforcent l’intérêt du public
Le film avait d’abord suscité peu d’attention médiatique, hormis deux polémiques. La première concernait le refus de Mediatransports (régie publicitaire de la SNCF et de la RATP) de diffuser la campagne d’affichage, estimant son message « confessionnel et prosélyte ».
La seconde est survenue à Marseille, où le maire avait annulé la projection dans un établissement municipal… avant que la justice n’en ordonne la reprogrammation.
Sabrina et Steven Gunnell (ancien membre du boys band Alliage dans les années 90) affirment avoir voulu réaliser une œuvre « grand public ». Le couple, se disant « croyant et pratiquant », poursuit une tournée de ciné-débats à travers la France, avec des projections prévues jusqu’à fin décembre, selon Hubert de Torcy.
Le film est déjà distribué en Belgique, en Suisse, à Monaco et dans les Antilles, et son exportation est prévue vers la Tunisie, le Maroc et plusieurs pays d’Afrique francophone. « C’est très impressionnant parce que ça dépasse largement l’Hexagone », souligne le président de SAJE, précisant recevoir aussi des demandes venues des États-Unis, de la Pologne, de l’Espagne et de la Corée du Sud.
Avec AFP



