Le député sortant Philippe Pradal (Horizons), ancien maire de Nice, est candidat à sa réélection au Nord de la ville. Solidaire d'une part du bilan macronien, il prévient tout de même : c'est terminé, "Emmanuel Macron ne sera pas le patron de la prochaine majorité".
La troisième circonscription des Alpes-Maritimes comprend les quartiers Nord de Nice, Falicon, Saint-André-de-la-Roche et La Trinité. Horizons est le parti de droite fondé par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, dont Christian Estrosi est le numéro deux.
Votre parti, Horizons, prend ses distances avec le président Macron. Qu'est-ce que cela va changer ?
La majorité présidentielle a disparu le soir de la dissolution. Horizons est un parti loyal, et libre. Le bilan, on ne l'abandonne pas. De bonnes mesures ont été décidées, mais elles prendront du temps à produire leurs effets. Nous n'avons pas été au rendez-vous partout, et certaines choses doivent changer. Dans l'exercice du pouvoir, il y a eu de l'arrogance, avec des conséquences terribles. Elle explique en partie le "vote sanction" des européennes. Même en tant que député, je me suis senti insuffisamment écouté, mes alertes parfois négligées.
J'appelle à la constitution d'un bloc central, modéré et large, qui comprendrait les sociaux-démocrates, le centre-gauche, jusqu'aux conservateurs.
Le président place "les deux extrêmes" dos-à-dos, le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire. Vous aussi ?
À gauche, des extrémistes ont dicté le programme. On y voit l'ombre de la France insoumise. Dans l'accord avec le RN, Les Républicains et Eric Ciotti ne pèsent rien. C'est Jordan Bardella qui est à la manoeuvre. Leurs propositions sont irréalistes et irresponsables. Je ne mène pas une campagne basée sur la moralité, il n'y a pas un camp du bien et un autre du mal. On nous vend des barrages, mais les Français n'ont pas une âme de castors.
"Il faut rapprocher le salaire net du brut"
Au sujet de l'insécurité, au bout de sept ans, les résultats d'Emmanuel Macron sont insuffisants. Pourquoi cela changerait, alors que votre parti a participé à ses gouvernements ?
De nouveaux moyens ont été mobilisés, mais tout cela prend du temps. Quand vous augmentez le budget de la police nationale pour qu'il y ait plus de "bleu dans les rues", il faut évidemment recruter et former les agents. Je ne condamne pas un bilan qui me semble bon, mais que n'avons pas eu le temps d'apprécier. On juge un 100 mètres qui a été stoppé en cours de route !
Bien sûr que la méthode doit changer. Les Macronistes ont manqué d'implantation. Les élus Horizons, eux, ont exercé des mandats locaux avant tout. Nous portons une approche plus concrète de la politique.
Sur l'immigration, le ressenti que l'on entend est plus négatif que la réalité. Le pacte asile-immigration permet de mieux identifier et suivre les populations qui entrent sur le territoire. L'attitude des autorités italiennes n'est pas toujours idéale, mais nous avons réellement progressé.
"Les gens témoignent d'une colère : ils n'ont plus été écoutés depuis des années"
Contrairement aux deux autres blocs, vos propositions en matière de pouvoir d'achat n'impriment pas. Pourquoi ?
Promettre un SMIC à 1600 euros, comme le fait la gauche, c'est spectaculaire. Ça n'arrivera pas, mais cela fait parler. Rapprochons plutôt le salaire net du brut avec un allègement des cotisations. Nous le financerons en menant des économies importantes sur la protection sociale.
Que vous disent les gens sur le terrain ?
Le contact est bon, ils viennent dialoguer. Mais ils font aussi part d'une colère, que je partage, celle de ne pas avoir été écoutés ces dernières années. Je réponds que je serai un député totalement impliqué, très présent à Paris pour obtenir des choses pour ma circonscription. Ma nature, c'est de ne pas oublier d'où je viens.
Réagissez à cette actu ! Vous pouvez commenter les articles publiés après le 25 août depuis le bas de page, ou en cliquant sur ce raccourci ›