L'ex-compagnon de Salomé, battue à mort et abandonnée sous un tas de détritus en 2019 à Cagnes-sur-Mer, a été condamné jeudi à Nice à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, la peine maximale pour ces faits.
Amin Mimouni, 29 ans, comparaissait depuis lundi devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes pour "meurtre par concubin". La peine prononcée est conforme aux réquisitions de l'avocat général.
La violence de ce meurtre, le 100e féminicide de l'année 2019, avait été telle que le père de Salomé n'avait pas pu identifier sa fille, tant son visage était ravagé. Seule une comparaison ADN avait permis de confirmer son identité.
"Ca ne me ramènera pas ma fille mais ça m'allège", a réagi son père Patrick, après le verdict. "On est soulagé. Cette peine, c'est ce qu'on voulait, on peut passer à autre chose", a ajouté sa soeur Candice.
Jeudi matin, les avocates d'Amin Mimouni ont tenté d'expliquer comment l'enfance de l'accusé, marquée par les violences infligées par son père, avait pu le transformer en un être jugé "borderline" par les psychologues.
"De l'enfant violenté à l'adulte agresseur, il n'y a qu'un pas que M. Mimouni a franchi", a plaidé Me Sophie Rebaudengo.
"A-t-il eu l'intention de tuer Salomé ?", s'est ensuite interrogée Me Emmanuelle Boukobza. "A cette question vous devrez répondre non", a-t-elle ajouté à l'adresse des jurés, car "on ne peut envisager que cet acte ait été commis en pleine conscience".
Après plus de trois ans de dénégations, Amin Mimouni avait pour la première fois lundi, à l'ouverture de son procès, reconnu être l'auteur du meurtre. Mais jeudi, après plus d'une heure de plaidoirie de ses conseils, M. Mimouni a sorti un papier de la poche arrière de son jeans pour "lire ses notes", les derniers mots revenant toujours à l'accusé.
"Dangerosité sociale avéré"
Et il a une nouvelle fois provoqué l'effroi au sein de la famille de la victime et de ses proches : "Salomé, elle m'a suivie, elle me réclamait, c'est la vérité madame", a-t-il lancé, en direction de la mère de la jeune femme, tuée à 21 ans, "je ne sais pas pourquoi vous dites que je l'ai forcée à plein de choses".
Après avoir assuré que s'il le pouvait, il "reviendrai(t) en arrière", il a une dernière fois interpellé la mère de son ex-compagne : "Est-ce que vous voulez voir la vérité ?"
Mais la présidente l'a interrompu, mettant un terme définitif à son monologue.
Dépeint par les experts comme "narcissique", "incapable de remords ou de regrets réels", mais ne présentant néanmoins pas de pathologie psychiatrique, Amin Mimouni, accro depuis ses 16 ans au cannabis et qui fumait jusqu'à 40 joints par jour, présentait, selon l'avocat général "une dangerosité sociale" avérée.
Mercredi, durant la troisième journée du procès, qui coïncidait avec la Journée internationale des droits des femmes, Muriel, la mère de Salomé, était venue apporter un témoignage poignant, disant toute sa "culpabilité" face à ce drame qu'elle n'avait pu éviter.
"Elle était libre, on l'avait élevée dans la liberté", avait-elle confié, avouant son "incompréhension" face à l'emprise qu'exerçait cet homme sur sa fille, qui l'avait obligée à abandonner ses études d'anthropologie puis son emploi de vendeuse et la privait même de téléphone.
"Il m'a fallu neuf mois pour mettre au monde Salomé, il a mis neuf mois pour la détruire", avait sangloté la maman.
"L'agresseur met rapidement et progressivement en place une stratégie d'emprise", avait expliqué Me Olivier Giraudo, dans sa plaidoirie pour les parties civiles, au nom de la Fédération nationale solidarité femmes.
Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon contre 102 en 2020, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. L'année du meurtre de Salomé, en 2019, 146 femmes avaient ainsi perdu la vie.
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