Tout est (sensé être) sous contrôle. Pour entrer sur leur lieu de travail, les employés doivent présenter, depuis une semaine, leur "pass sanitaire". Problème, une bonne partie des salariés s’oppose radicalement à cette décision.
Dans les allées de Carrefour TNL, les employés s’activent pour pallier les nombreuses absences de leurs collègues. Au "coin bio", Rémi*, range les marchandises de son rayon à vive allure.
La charge de travail est bien plus lourde depuis l’obligation du "pass" pour le personnel. « Ça fait une semaine que nous sommes en effectif réduit. Quatre employés sont normalement responsables du rayon Produits frais. On tourne avec une ou deux personnes en ce moment », explique-t-il.
Des absences mais aussi des revendications. Des pétitions fleurissent. Une, pour l’arrêt du "pass sanitaire" dans l’hypermarché, une autre pour la mise en place d’un local afin d’effectuer des tests salivaires à la place des PCR (gênants, puisque pratiqués dans le nez).
Aurélien Benabbou, gestionnaire de rayon, a lancé l'initiative. « Certains ont peur des tests PCR et faire un dépistage, en dehors de nos heures de travail tous les trois jours, c’est embêtant », a-t-il regretté dans la presse.
« Il faut annuler cette mesure »
Mettre fin à cette situation. Voilà, la volonté de la CGT groupe Carrefour. « Nous souhaitons aller jusqu’au bout. L’objectif est d’annuler ce 'pass sanitaire' dans les centres commerciaux de plus de 20.000 m², fait valoir Philippe Allard, délégué syndical CGT groupe Carrefour, auprès de Nice-Presse. Les clients et les employés doivent pouvoir, à nouveau, entrer dans l’hypermarché. L’union départementale des Alpes-Maritimes a fait des recours."
Pour lui, les équipes sont « laissées à l’abandon ». Les syndicats décrivent des "personnels en détresse, qui représentent 30% des effectifs" alors que personne n'a l'air de "s’émouvoir que cinquante employés puissent perdre leur travail".
Pour eux, des alternatives existent pourtant. Ceux qui refusent le "pass" pourraient par exemple être envoyés dans les Carrefour Market, plus petits, qui ne l'imposent pas. « Nous essayons de trouver des solutions mais le groupe Carrefour ne coopère pas. Nous sommes face à un mur », regrette encore Philippe Allard de la CGT.
« Les personnes non-vaccinées veulent vraiment avancer rapidement, mais, pour le moment, ça s’annonce compliqué », abonde Lola, hôtesse de caisse.
Carrefour "privilégie le dialogue"
Joint par nos soins, le groupe Carrefour assure ne "pas obliger les salariés à se faire vacciner" même si le groupe "les y encourage". Tout en assurant que "la suspension du contrat de travail et de la rémunération ne peut être que la solution de dernier recours". Attention, "un changement d’affectation est possible, mais il ne pourrait être qu'exceptionnel".
Cohésion
La solidarité perdure. Rémi soutient ses collègues. "Je les comprend. Ce n’est pas normal de demander un 'pass sanitaire' pour aller travailler, estime-t-il. Personnellement je me suis fait vacciner juste pour vivre et travailler normalement ».
"Ici, nous avons de la chance, nous nous soutenons, nous respectons les choix de chacun, souligne Lola, en caisse. Je suis vaccinée depuis l’allocution d'Emmanuel Macron, je ne peux pas perdre mon travail, j’en ai besoin. Mais je respecte le choix des autres".
À compter de mercredi, 27 départements ne seront plus soumis au "pass" pour les centres commerciaux de plus de 20.000 m². Mauvaise nouvelle, les Alpes-Maritimes ne figurent pas dans la liste et devront maintenir cette mesure -- notre taux d'incidence étant encore supérieur à 200.
Les revendications du personnel de Carrefour TNL ne sont pas prêtes de s’arrêter.
* prénoms modifiés pour l’article