❝ L'invité du dimanche -- Grands chantiers, lutte contre la pollution de l'air, circulation en centre-ville, rénovation des quartiers… Gaël Nofri, adjoint au maire Christian Estrosi, fait un point d'étape avec Nice-Presse… et répond à toutes les critiques.
- Gaël Nofri, délégué à la Circulation, au Stationnement, et à la Logistique urbaine
NICE-PRESSE. Le Collectif citoyens 06 vous reproche un manque d'ambition dans la lutte contre la pollution atmosphérique, alors qu'elle "tue plus de Niçois que le Covid". Dans le même temps, le Rassemblement national vous accuse de matraquer les automobilistes et de mener "une chasse aux voitures". Alors ? De quel mauvais côté êtes-vous ?
Gaël Nofri : "Il n'y a pas de solution parfaite. Quand le domaine public et si restreint, c'est la guerre civile. Le Rassemblement national est tout à son paradoxe, tout cela sent bon le poujadisme (démagogie, NDLR).
Factuellement, la Ville de Nice dépense plus pour les automobilistes que ce qu'elle gagne avec eux. On injecte des millions, à bon escient, pour les routes, les parkings… Nous sommes dans une maîtrise, plus que dans une lutte contre les voitures.
"Notre action, ce n'est pas du tout de 'l'anti-bagnoles' comme l'opposition le dit parfois. L'exécutif municipal travaille pour chacun"
Gaël Nofri
Nous en appelons au choix raisonné de chacun, sans rien imposer. C'est pourquoi nous menons une politique multimodale, qui renforce les nouvelles mobilités.
J'aurais du mal à prendre au sérieux les "ayatollahs" de la décroissance et du zéro voiture alors qu'ils prêchent ce qu'ils ne respectent même pas eux-mêmes.
Le développement du tram a permis immédiatement d'obtenir de beaux résultats. Nous ne dépassons plus les critères européens sur l'oxyde d'azote.
Notre ZFE (Zone à faibles émissions, NDLR), qu'ils critiquent, est pragmatique et ambitieuse. Au 31 décembre, les camions les plus polluants, de critère 5, seront interdits en ville. Ceux du 3 et 4 le seront aussi d'ici 2023. Il en sera de même pour ces catégories de voitures en 2024. Nous faisons tout cela sans prendre en otage le secteur économique, et en accompagnant tous les acteurs dans cette transition."
"Il faut sortir la voiture de la ville : elle nous rend malade" a jugé l'adjoint à la Santé Richard Chemla dans nos colonnes le 9 avril dernier. Partagez-vous ce constat ?
"Non, je ne le pense pas. C'est, là encore, une question d'équilibre. Il ne faut forcer personne à abandonner sa voiture. Mais il ne faut pas non plus la prendre pour faire 200 mètres !
Nous pourrions également citer les bienfaits de la quantité et de la qualité de nos transports publics. La nouvelle ligne du tramway entre le Port et l'aéroport a permis de combattre significativement la pollution de l'air."
Il estime qu'à côté d'un changement de mobilités (de la voiture aux vélos et à la marche à pieds) tout le reste, la ZFE, les lignes de tram, c'est presque "de la rigolade".
"La protection de l'environnement passe évidemment par ces mobilités, mais elles ne sont pas la solution à tout. Certains Niçois ne feront jamais du vélo, tout le monde ne le peut pas, c'est un évidence."
"La circulation est très difficile à Nice"
Beaucoup estiment que les Niçois ont pris des habitudes circulatoires difficiles. Qu'en pensez-vous ?
"Le soir même où le maire m'a confié cette délégation à la circulation, il y a plusieurs années, je me suis retrouvé confronté à ce cliché en me rendant au théâtre. Dans cette pièce, un agent immobilier Niçois expliquait à deux Parisiens que dans notre ville, 'on ne se préoccupe du stationnement que quand nous arrivons à la triple-file'. Il y a parfois eu de ça.
Après, je ne sais pas si c'est plus le cas dans le Sud qu'ailleurs.
"L'incivisme est une réalité mais il n'est pas propre à notre ville. Comme partout, il y a des individualismes à combattre et des équilibres à trouver. Ce n'est pas facile, on le sait"
Gaël Nofri
Mais c'est passionnant, et c'est le sens même de la politique.
Au-delà des habitudes de chacun, on a un urbanisme qui a rendu la circulation très difficile à Nice. Des chemins pour les troupeaux sont devenus des routes, et je caricature à peine. Nous trouvons des solutions tous les jours : beaucoup a déjà été fait.
On a ajouté la logistique urbaine à mes attributions puisque nous avons un vrai problème avec les livraisons."
De Barla à Gambetta, et partout dans Nice : aller sur le terrain, observer, écouter, comprendre, essayer… Tout simplement !#Nice06 pic.twitter.com/3uQieISwIW
— Gaël Nofri (@GaelNofri) May 18, 2021
Depuis un an, le projet mené à Gambetta déclenche la colère de certains : on a vu des pétitions passer, de petites manifestations s'organiser. Cette semaine, le comité de quartier Parc Impérial-Gambetta a encore dénoncé "un entêtement". Une réelle concertation a-t-elle été menée ?
"Évidemment. Le maire s'est présenté avec un certain nombre de projets, et il a été réelu, très fortement, d'ailleurs, dans les quartiers concernés. Nous sommes allés sur le terrain pour échanger. Nous avons lancé des concertations, des réunions… Maintenant, la municipalité veut avancer.
Le projet d'avenir pour ce territoire, qui va lui donner une vraie identité, est validé par trois comités de quartier sur cinq. Le dossier est viable, pertinent et démocratique.
Notre devoir est d'entendre ces comités… mais pas forcément de les écouter. On ne remet pas en cause un projet qui est soutenu par une majorité de la population."
Toute cette agitation valait le coup, alors ?
"Bien sûr. La zone n'a pas été requalifiée pendant longtemps, et en a souffert. Les commerces qui s'y sont installés n'ont plus la même qualité qu'il y a quelques années. Le manque de stationnement a paupérisé la zone, qui avait perdu son attractivité.
Les mobilités douces y auront toute leur place : le BHNS (Bus à haut niveau de service, NDLR) sera équivalent à une nouvelle ligne de tram. Nous allons élargir les trottoirs et apporter du verdissement, mais aussi de l'art, avec sans doute une sculpture. Les craintes des commerçants sur le stationnement et les livraisons vont pouvoir être dissipées.
Nous allons nous passer de la circulation que l'on peut éviter : certains traversent la ville plutôt que de la contourner. Il faut se concentrer sur l'essentiel, les automobilistes qui ont de vraies raisons de passer par là.
Ce projet est un 'tout cohérent'. On avance, on teste, on décide.
Avec @cestrosi pour le lancement des travaux du parking de l'église Jeanne d'Arc : un nouveau jardin et 200 places de stationnement pour renforcer l'attractivité du quartier ! #Nice06 pic.twitter.com/rEhMAiMVXh
— Franck MARTIN (@FranckMARTIN06) May 26, 2021
Avec Jeanne d'Arc, on a un projet qui permet de doubler les places de stationnement mais aussi de ménager une grande place pour le parc. C'est une illustration de la réflexion qui est maintenant menée pour tous les projets ?
"L'objectif de faire de Nice la ville verte de la Méditerranée se retrouve dans tous nos chantiers.
"Le projet Jeanne d'Arc est la preuve que l'on peut apporter des solutions qui conviennent à tout le monde"
Gaël Nofri
Nous doublons effectivement le nombre de places de parking, avec des espaces pour l'électrique, et nous libérons un espace très vaste pour végétaliser et apaiser le quartier. Les gens auront de nouveau envie d'y aller.
Tout cela se développe en cohérence avec ce que nous avons fait à la Libé et au Ray. Rien n'est décidé au hasard."