INTERVIEW. Il va disputer l'une des batailles les plus scrutées des prochaines élections législatives. Dans la circonscription star des Alpes-Maritimes - la 1ère, qui englobe une grande partie du centre-ville niçois - la majorité présidentielle lance Graig Monetti.
À 29 ans, l'adjoint de Christian Estrosi à Nice, conseiller ministériel pendant plusieurs années, va tenter de déboulonner le LR Eric Ciotti, "roi du Port" depuis 2007.
Dans Nice-Presse, il rend les attaques coup pour coup. Mais souhaite incarner une "nouvelle manière de faire de la politique", avec une "bienveillance et un sens du dépassement" qui vous rappellera quelqu'un.
Nice-Presse : la 1ère circo’ a un député depuis 2007, les gens le connaissent bien… Pourquoi faudrait-il en changer ?
Graig Monetti : Il est bien installé, mais rien n’a bougé. Qu’est-ce qu’Éric Ciotti a apporté au territoire ? Rien. Au mieux, quelqu’un vous citera la salle culturelle du Port, ou une subvention pour le clos de boules du coin. Et puis c’est tout. Être député, ce n’est vraiment pas ça…
Que feriez-vous différemment ?
Tout ! Vous voyez bien qu’on ne fait pas la même campagne. C’est bien, il va aux galettes des rois… Moi, à 8 heures, je vais boire un café avec les représentants de tel quartier, à 10 heures, je suis avec les commerçants… Je suis dans la proximité, contrairement à d’autres. On me le reproche d’ailleurs !
Les ciottistes pointent « une campagne clientéliste ».
Je porte l’action du maire sur le terrain parce que personne n’a plus apporté à la ville que lui depuis Jacques Médecin. Il laissera une empreinte éternelle et décisive à Nice.
En tant qu’adjoint, mon boulot, campagne ou pas, c’est de répondre à ceux qui me tirent la manche dans la rue pour m’exposer leurs problèmes. Pour chaque sujet, je prends mon téléphone pour contacter l’élu qui aura une solution, quand il y en a une.
Mais je ne fais pas de promesses contre des votes, ne mélangeons pas tout.
Le clientélisme, je le laisse à mes détracteurs, il s’en servent déjà sans aucun complexe.
Vous comparez le bilan de l’action pour Nice d'Eric Ciotti, député, et de Christian Estrosi, le maire. N’est-ce pas tout mélanger ?
Si j’avais été député, le dossier de l’Hôtel des Polices Saint-Roch aurait avancé sacrément plus vite, par exemple.
Eric Ciotti fait de la sécurité son cheval de bataille : il n’a rien obtenu sur le sujet ! Son action, c’est le néant. Être député, c’est « gagner des dossiers » pour son territoire. Eric Ciotti a donné un mauvais exemple de cette fonction pendant des années.
Heureusement que Christian Estrosi a mis les choses en ordre dans notre ville en organisant la première police municipale de France.
Le député sortant serait "d’extrême droite", d’après vous. En quoi ?
Il n’y a pas de candidat de Zemmour face à lui ! Et pas besoin d’épiloguer : quand vous partez du principe que votre projet, c’est de mettre les musulmans à la mer, vous vous inscrivez plus dans l’extrême droite que dans la droite sociale.
Moi je suis dans la droite de progrès. Nicolas Sarkozy et son combat pour les travailleurs, notamment, m’a beaucoup parlé. Il incarne une certaine droiture. Ses soi-disant héritiers feraient bien de s’en inspirer.
Et la « bienveillance » que vous promettez, alors ?
Mon message principal, ce n’est pas de tacler tel ou tel.
On retient les petites phrases, mais venez vendredi soir (le 13 mai, pour son meeting, ndlr) au Kiosque à Musique : nous parlerons d’un projet commun. De nombreuses personnalités de gauche se retrouveront dans la grande part d’humanisme qui m’anime. Je tends la main.
Vous dites que vous seriez davantage sur le terrain, mais on sait que les députés ont beaucoup d’obligations à Paris. Comment faire ?
Ces dernières années, j’étais conseiller ministériel et adjoint au maire de Nice. Sur les deux plans, je n’ai pas chômé. Je serais à 100% sur mon mandat de député. Si je passe autant de temps dans ma circonscription qu’Eric Ciotti au siège des Républicains, je peux vous assurer que le travail sera fait !
On a parfois entendu des critiques sur ces députés LREM godillots, transparents… Quel élu seriez-vous ?
Je compte incarner la différence, il est temps de renouveler la manière avec laquelle on fait de la politique. Et tout simplement, je ne changerai pas. Je viens avec ma sincérité et mon dévouement.
Vos adversaires vous surnomment « le Parisien ». Vous habitez où ?
C’est nul, je ne peux pas laisser dire ça ! J’habite à Nice Nord. Si on sortait les arbres généalogiques, je serais sans doute bien plus Niçois que ceux qui osent dire ça !
Mon principal adversaire ne vit même pas ici (Eric Ciotti ne réside pas à Nice, ndlr). Il y a quatre générations de Niçois dans ma famille, installés à Arson, à Riquier… Mon arrière-grand-père jouait à l’OGC Nice, mon père a connu la première division ici et j’y ai, moi, aussi grandi.
Un mot sur votre suppléante, Anne Ramos…
Anne Ramos, c’est celle qui a concrétisé les grands chantiers du maire. Elle a une expérience solide et un sens très pointu de la proximité. C’est une femme extraordinaire. Respecter la parité en l’ayant avec moi, c’était important, parce l’égalité entre les femmes et les hommes est l’une des causes pour lesquelles je me bats, tout comme celle du handicap ou de la communauté LGBTQIA+.