Depuis le 8 et jusqu’au 20 juin 2021, un atelier-laboratoire s’installe en plein cœur du Musée d’art moderne. Financé par l’Université Côte d’Azur, ce projet permet de découvrir le travail d’Irène Kopelman, une artiste argentine, qui observe et dessine les processus d’évolution de créatures marines.
Des microscopes, des aquariums remplis de micro-organismes et des échantillons du microcosme marin… Tous les éléments d’un laboratoire scientifique sont réunis. Mais, sur le même bureau, se trouvent aussi des pots de feutres, des crayons et des feuilles de papier.
Un croisement entre deux disciplines qui s’inscrit dans le travail de l’artiste Irène Kopelman : “Il y a deux façons d’observer la nature : par la science et par l’art. C’est intéressant de faire un pont entre les deux”.
La dessinatrice, originaire d’Amérique du Sud, s’intéresse aux évolutions de la nature et a toujours travaillé sur des écosystèmes différents. Des forêts de Panama aux glaciers des Alpes, elle mêle art et science en créant des œuvres à partir de ses recherches.
“Le dessin est un outil très fort. C’est une façon de penser et de réfléchir en profondeur par l’observation” nous explique-t-elle en anglais.
Depuis un an, elle travaille sur un projet commun avec deux scientifiques, l’un à la Faculté de Médecine de Nice et l’autre à l’Institut de la Mer de Villefranche. Elle s’intéresse cette fois-ci aux mutations de cellules qui se régénèrent seules, et qui représentent de grands enjeux écologiques et sanitaires.
Des ateliers créatifs et éducatifs
De nombreux dessins d’enfants sont accrochés sur les murs du labo éphémère. Pour découvrir le travail d’un artiste, quoi de mieux que de se prêter au jeu ? Chaque jour, des ateliers pour les petits et les grands sont organisés.
Plusieurs scientifiques, qui viennent des instituts partenaires du projet, sont présents et expliquent au public en quoi consistent leurs recherches. Avec des termes simples, ils introduisent les micro-organismes sur lesquels ils travaillent et les observent au microscope.
Léah Friedmann prend ensuite la relève pour la partie artistique. La jeune étudiante aux Beaux-Arts n’avait, jusqu’à lors, jamais fait des dessins de science. “C’est une expérience qui me plaît beaucoup car on est au plus proche de la nature” témoigne-t-elle.
À partir de deux images d’une des créatures marines, l’une au début de son développement et l’autre à la fin, les enfants doivent imaginer les étapes de son évolution.
Un autre regard sur la science
“Il y a un apport réel dans notre travail. Les observations d’Irène viennent compléter nos données et permettent d’avoir un nouvel œil sur nos recherches” assure AIdine Amiel, scientifique au sein de l’Université Côte d’Azur. Par exemple, grâce aux dessins de l’artiste, l’équipe a pu constater que certaines espèces mutent plus vite que d’autres.
Et cette expérience n’est que bénéfique puisqu’elle permet d’échanger avec le public :
“Parfois, on a un regard trop scientifique qui nous fait passer à côté de certaines choses. Les questions et interprétations des enfants nous font réfléchir sur des aspects auxquels on n’avait pas forcément pensé.”
Irène Kopelman finit par se sentir elle-même scientifique avec le temps. Comme nous l’explique son équipe, le milieu artistique étant assez individualiste, elle a trouvé dans le domaine des sciences une réflexion commune et un travail collectif qui lui plaît énormément.
L’atelier est rempli. Le laboratoire s’est transformé en un véritable espace d’échanges. Les enfants discutent avec les chercheurs, les parents avec l’artiste et que ce soit par leur attrait pour la vie marine ou celui pour le dessin, tous se retrouvent.
Dans un an, une exposition dévoilera les œuvres réalisées par Irène Kopelman durant sa période d’observation.