Des maires de petites communes accusent le Département de menaces et de représailles politiques. La collectivité s'en défend.
Le conseil départemental des Alpes-Maritimes est-il devenu le royaume d'Eric Ciotti ? Officiellement, le Niçois n'en est plus le président - interdiction du cumul des mandats oblige - depuis plus cinq ans.
En réalité, d'après une enquête dévoilée par nos confrères du Monde, son successeur, Charles-Ange Ginésy, se contenterait souvent d'une sorte de rôle de figuration pour le compte du vrai patron.
Ainsi, le journal du soir révèle que d'importantes subventions, relevant de la compétence de la présidence du CD06, doivent passer par l'agrément d'Eric Ciotti, pourtant redevenu simple conseiller départemental.

Lui explique, en réponse, qu'en tant que président de la commission des finances, il est normal que son avis soit entendu. D'après Le Monde (article payant), il l'est d'ailleurs sur… à peu près tous les sujets.
Le député (Les Républicains) de Nice-Centre est ainsi consulté, bien que cela ne semble pas relever de ses compétences, sur chaque décision : de la future exposition programmée dans une galerie du Port Lympia, à l'installation d'un terrain de pétanque…
Un rôle "sur-mesure", lui permettant de bénéficier d'une voiture avec chauffeur et du paiement par les contribuables de son équipe rapprochée.
En clair, l'enquête pose la question de la réelle application du non-cumul des mandats, puisque Charles-Ange Ginésy ne serait, au vu de ces éléments, qu'un président "en titre", mais pas en pratique. C'est le sens d'un signalement effectué par le collectif Anticor en 2019, qui a déclenché une enquête préliminaire pour "détournement de fonds publics".

Un épisode avait déjà suscité quelques doutes sur la gestion du Département. En 2021, le CD06 promet à la Ville de Nice plusieurs millions d'euros pour soutenir son projet d'extension de la coulée verte. Revirement quelques mois plus tard, à la faveur du conflit entre Eric Ciotti et Christian Estrosi. Cette fois, le conseil départemental annonce qu'il compte carrément subventionner à hauteur de 10.000 euros une association lyonnaise qui s'oppose à ce même projet ! Son président, Charles-Ange Ginésy, manifestement pas consulté, l'apprend… par un journaliste de Nice-Matin.
L'article publié le 23 mai dénonce aussi des coups de pression d'Eric Ciotti. Une élue locale maralpine aurait ainsi été traitée de "connasse" au téléphone pour avoir communiqué trop vite pendant la tempête Alex, avant de voir les subventions accordées à sa commune largement amputées. Le président des Républicains s'en défend, alors que d'autres élus font état de faits similaires.
En réponse, la Région Sud, dirigée par Renaud Muselier (Renaissance), a ouvert une ligne directe à destination de ces maires, pour combattre ce qu'elle estime être du "clientélisme".