La rentrée de La France Audacieuse (LFA), parti politique depuis 2020, était organisée depuis Nice le 29 septembre, à l'orée de la campagne présidentielle. Christian Estrosi et une kyrielle de collègues maires "de la droite et du centre" souhaitent impulser un souffle nouveau, venu des territoires, pour porter Emmanuel Macron vers un second mandat. Mais s'il le veut, il faudra décentraliser.
Ses communicants n'étaient pas peu fiers d'avoir organisé leur "town hall" à l'américaine, ces réunions où le politique se présente seul, micro à la main au milieu de ses ouailles, sans notes ni pupitre. Contrairement à Obama en son temps, Estrosi avait gardé sa veste de costume. Et toute sa verve.
"Vous êtes 3.000 ce soir" a-t-il commencé par se réjouir depuis le jardin Albert Ier, où son parti tenait sa rentrée ce mercredi 29 septembre. "Et qu'on se le dise, Les Amis du maire (également conviés, ndlr), avec 12.000 adhérents, représentent bien le premier politique des Alpes-Maritimes". Pan, sur le bec de la fédé Les Républicains du 06, 8.000 militants tout mouillés. Et sur son président Éric Ciotti, le meilleur-ennemi (actuellement occupé à faire tapisserie dans la primaire à droite).

Le maire sort le lance-flammes : "quand je vois ce que sont devenus les Républicains aujourd'hui, je me désespère de mon ancienne famille politique" lance-t-il, après avoir dénoncé des procédés "staliniens", "une rentrée (de droite) confidentielle, qui aurait pu être organisée dans une cabine téléphonique".
"Je suis soulagé d'avoir pris ma liberté pour ne pas être caution de la trahison des Républicains"
Christian Estrosi
Ce parti qui a décidé que son candidat serait désigné par les militants et non par une primaire ouverte, qui "a mis de côté nos partenaires du centre", c'est bien simple, pointe encore le maire, il n'est pas face "à un dépôt de bilan ou une faillite, mais à une liquidation !"
Estrosi veut des preuves d'amour
Il le dit et l'assume, oui, il a "une relation de confiance et de respect" avec le président de la République (ils déjeunaient d'ailleurs ensemble à la Villa Masséna il y a peu, confiait-il à Nice-Presse). Mais le temps n'est pas encore venu de dire "sans ambiguïté quel sera (son) engagement".
Histoire de jouer la montre ? Non, les 6.000 adhérents,300 maires et autres 3.000 élus locaux de La France Audacieuse ne vont pas se donner sur un plateau à Macron. Pour ça, il faudra décentraliser.
"Quand l'État veut tout faire, il finit par ne rien faire" tacle Christian Estrosi. Sans l'engagement des maires, les dernières catastrophes (Covid, tempête Alex dans les Alpes-Maritimes…) que nous avons dû affronter "auraient été bien pires".
"La décentralisation est un des points faibles du bilan de ce quinquennat. Ce sera donc l'un des enjeux du prochain"
Christian Estrosi
Les collectivités ont donc largement fait leurs preuves. Mais pourquoi précisément leur accorder de nouveaux pouvoirs ? "Il faut engager des réformes structurelles" poursuit l'édile, "sur la santé, l'environnement, l'emploi, la sécurité…"
Pôle Emploi devrait être dirigé par les Régions, plaide-t-il, tout comme l'agence de santé. Antienne du maire, la reconnaissance faciale devrait également être légalisée, et les prérogatives des polices municipales "enfin élargies".
Beau parterre d'élus au Jardin Albert-Ier
Ils n'avaient pas pu faire le déplacement, mais le patron de la Région Renaud Muselier et l'ancien premier ministre Edouard Philippe avaient préparé un petit clip d'encouragement pour saluer la rentrée de La France Audacieuse. Sur scène, le député LREM Loïc Dombreval a dit un mot, alors que sa collègue Alexandra Valetta-Ardisson était au premier rang. Michèle Lutz (Mulhouse), Louis Vogel (Melin) ou encore Frédéric Valletoux (Fontainebleau) faisaient partie des maires conviés.