Samuel Goldenberg, nouveau Niçois venu de l'étranger, est certes l'un des rares survivants de la plus grande catastrophe maritime de l'époque, mais c'est aussi un généreux mécène, qui a marqué notre ville de son empreinte humaine et solidaire.
Tout le monde a en tête la tragédie du Titanic. En 1912, le luxueux navire accueille ses passagers pour sa traversée inaugurale, qui devait relier Southampton à New York. Il n'atteindra jamais sa destination. Dans la nuit du 14 au 15 avril, le géant des mers sombre.
Sur près de 2.240 passagers, seuls 712 ont survécu. Parmi eux, Samuel Goldenberg, qui laissera un souvenir impérissable, plus tard, chez nous. Mais pourquoi ? On vous explique avec Véronique Thuin-Chaudron, chercheuse pour la Direction des Patrimoines de la Ville de Nice.
De l'Amérique vers la France
Samuel Goldenberg est né à New-York en 1864. "Il a fait fortune dans l'importation de la dentelle aux États-Unis. Comme beaucoup de riches Américains, il se rendait à Paris où il avait acheté un hôtel particulier. Avant la Première Guerre mondiale, il descendait également à Nice. C'était un hivernant de la communauté américaine".
En 1901, il se marie avec Nella Wiggins. "Tous deux étaient passionnés par l'élevage des chiens". C'est cet attachement qui les poussent à embarquer à bord du Titanic : ils devaient assister au spectacle du "French Bull Dog of America" à l'hôtel Waldorf-Astoria à New-York.
Le couple survit donc à l'horreur. Quelque temps après cette catastrophe, ils reviennent sur la Côte d'Azur. "Pendant la Première Guerre mondiale, ils achètent la villa Nellcote à Villefranche-sur-Mer. Elle est devenue extrêmement célèbre : les Rolling Stones y ont séjourné et enregistré un album mythique".
Profondément humain
Puis ils divorcent. Nella repart aux États-Unis tandis que Samuel choisit de rester à Nice. C'est ici qu'il rencontre la comtesse Edwige Garbowska, qui deviendra sa seconde épouse.
Ensemble, ils créent plusieurs œuvres caritatives, dont La Cité des Aveugles, quartier Valrose. "C'était un lotissement de villas qui étaient mises à la disposition de ceux qui revenaient de la guerre".
À cela s'ajoute l’association "Le Flambeau franco-américain" pour les aveugles et malvoyants. Cette cause était particulièrement importante pour Samuel : à la suite du naufrage, il souffert d’une déficience visuelle qui s'est transformée en brève cécité.
"Ils ont été extrêmement généreux". Ensemble, ils emménagent dans la Villa Yada, à Cimiez. "Edwige a également acheté un immeuble avenue Henri-Barbusse (Libé) et en a fait don pour une fondation".
Aujourd'hui, le couple est enterré au cimetière du Monastère de Cimiez. "Un jour, j'ai été stupéfaite, car j'ai découvert une maquette du Titanic sur la tombe. On ne sait pas d'où ça vient… C'est un grand mystère !"
Dans notre cité, des traces de reconnaissance sont encore visibles, avec notamment différentes plaques. Tout près de la faculté des sciences, vous pourrez d'ailleurs apercevoir une petite avenue, "Goldenberg-Garbowska".
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