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INTERVIEW. Conseiller régional, métropolitain et municipal, Philippe Vardon appelle au "rassemblement des droites" pour le second tour de la présidentielle et les législatives de juin. Tout en réclamant "la clarté politique" aux Républicains des Alpes-Maritimes, le député Ciotti et le président du Département Ginésy en tête.
"Le grand remplacement a eu lieu, celui de la droite des ambiguïtés par la nôtre, celle de la vérité"
Philippe Vardon, chef du RN niçois
Comment analysez-vous les résultats à Nice et dans les Alpes-Maritimes ?
Au niveau local, les Niçois et les Maralpins ont toujours été particulièrement enclins à soutenir les idées nationales. C'est la confirmation d'un grand mouvement autour de Marine Le Pen, et de sa solidité face à Emmanuel Macron.
Vous ne trouvez pas que Christian Estrosi est l'un des "gagnants" de ce premier tour, comme on l'a lu dans la presse ?
J'ai pu voir des "grands gagnants" plus joyeux que lui dimanche soir ! Quand il faisait de la course moto, j'imagine qu'il était plus souriant que ça. Le score de Macron à Nice s'inscrit dans une dynamique nationale, le talent de monsieur Estrosi n'a rien à voir là-dedans. La réalité, c'est que le "pôle patriote", si on y ajoute Eric Zemmour et Dupont-Aignan, est, à 40% dans le département et à Nice.
Quel message adressez-vous aux élus LR de chez nous qui n'ont pas appelé à faire barrage au RN, comme Eric Ciotti et Charles-Ange Ginésy ?
Le grand remplacement a eu lieu, celui de la droite des ambiguïtés par la nôtre, celle de la vérité. Valérie Pécresse a fait 5% dans la circonscription d'Eric Ciotti ! C'est un bouleversement politique.
Si ces élus LR sont cohérents, qu'ils aillent au bout de leur démarche, avec des choix politiques. Je leur tends la main comme à tous les électeurs républicains. Ils n'ont évidemment pas envie de voter pour l'ancien socialiste Emmanuel Macron, le président de l'immigration et du déclassement, ou de donner quitus aux trahisons d'Estrosi et Muselier.
Comment travailler ensemble quand Éric Ciotti estime que ce qui le différencie de Marine Le Pen n'est que la "capacité à gouverner"?
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Je pense qu'il s'agit d'un propos d'estrade. Vu son bilan, on peut douter davantage de la capacité à gouverner d'Emmanuel Macron, et un bulletin blanc, comme en 2017, n'est plus une réponse adaptée. Éric Ciotti a dit qu'il voterait pour Eric Zemmour au second tour, lequel soutient Marine Le Pen. Le temps est venu d'aller au bout des choses et de ramener un peu de clarté en politique.
Que dites-vous aux électeurs zemmouristes d'un côté, et aux mélenchonistes, d'un autre ?
Je dis aux premiers que je n'ai jamais vu en Eric Zemmour un ennemi. On me l’a même parfois reproché… On est dans le temps du rassemblement du pôle patriote, pour le second tour, puis pour constituer une majorité présidentielle aux législatives.
Et aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ne se reconnaissent ni dans l'indigénisme ni dans l'islamo-gauchisme, que leur vote, expression d'une colère sociale, ne peut pas se reporter vers le président sortant, qui a tant appauvri les Français.
Marine Le Pen a-t-elle vraiment un programme économique assez sérieux pour attirer les électeurs de la droite de gouvernement ?
Ses propositions sont beaucoup plus pragmatiques et équilibrées sur ce sujet. Le projet a évolué. J'entends les critiques du MEDEF, mais ces gens ne représentent en rien les artisans et les patrons de PME. Marine Le Pen a acquis une réelle crédibilité économique. D'ailleurs, les électeurs de François Fillon - qui n’était pas vraiment un communiste - ne s'y trompent pas, puisqu'ils nous ont déjà rejoint, pour une grande part d'entre eux.
"Les ambiguïtés (de la droite) n'ont plus lieu d’être. Aux législatives, il faudra assumer"
Philippe Vardon, chef du RN niçois
N'y a-t-il pas des risques à essayer de surfer, et d'être élue, en grande partie sur une "vague anti-Macron" ?
Marine Le Pen apporte un projet politique qui suscite une adhésion, et dans le vote "contre" il y a toujours une part de vote "pour". Les électeurs savent ce qu'ils font.
Aux législatives, qu'est-ce qui pourrait bien différencier des candidats RN/Reconquête de ceux des LR sur la ligne d'Éric Ciotti ? Le positionnement politique est un peu le même…
Le problème est celui de la cohérence. Il ne suffit pas de parler fort dans les micros et sur les plateaux télé, sans savoir choisir. Pour l'instant Eric Ciotti n'a pas l'air de savoir pour qui voter au second tour. Les ambiguïtés n'ont plus lieu d’être. Aux législatives, il faudra assumer les choix.
Le RN 06 a étalé publiquement ses divisions ces dernières semaines. Etes-vous réellement en capacité de faire une vraie campagne, avec votre "cheffe officieuse", Alexandra Masson ?
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Elle n'est ma cheffe ni officielle, ni officieuse. J'ai mené le combat contre "l'estro-macronisme" d'ici, quand elle accomplissait son rêve de faire campagne à Paris. Pour ma part, j’ai déjà connu ça lors de la précédente présidentielle ou en co-dirigeant la campagne de Jordan Bardella lors des européennes. Je ne le souhaitais plus. Avec mon équipe, nous avons prouvé notre compétence dans nos mandats à la Région, la Métropole et la Ville de Nice. Nous continuerons sur cette voie dans les mois et les années qui viennent.