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Entre accusations de trahison et tacles par médias interposés, les principaux élus du RN 06 se livrent une guerre ouverte à une vingtaine de jours de la présidentielle.
Le moment ne pourrait pas être plus mal choisi. À une jetée de pierres du premier tour, le patron du Rassemblement national niçois, Philippe Vardon, a profité d'une interview dans la presse locale pour dézinguer l'état-major de son propre parti dans les Alpes-Maritimes.
La porte-parole de Marine Le Pen en terres maralpines ? Une incompétente qui aurait fait drastiquement baisser le nombre d'adhérents. Ses proches ? Des traîtres, qui l'attaquent de façon incessante et qui auraient fait campagne contre leur liste à Carros, comme Valeurs actuelles l'affirmait cette semaine (ce que le parti qualifie "d'accusations ridicules").
Réponse de Normand du côté de l'intéressée, Alexandra Masson-Bettati. Auprès de Nice-Presse vendredi, avant publication du fameux entretien, elle bottait en touche sur le sujet Vardon : "Il est adhérent du parti, il dirige le RN à Nice. S'il n'a pas démissionné, c'est qu'il doit souhaiter la victoire de Marine Le Pen, a priori. Je ne peux apporter que cette réponse…"
Depuis, elle ne s'est pas donné la peine de réagir à ces attaques. Au parti, on estime avec un grand sens de l'image que l'interview n'est qu'un "tissu de mer**".
Toujours est-il que dans cette campagne, Philippe Vardon a fait le minimum. Et quand la presse l'a donné en partance pour le camp zemmouriste, il ne s'est pas foulé pour démentir. Faut-il voir dans ces sorties une envie de se faire virer du RN pour pouvoir rejoindre Reconquête sans passer totalement pour un Judas ? Ses proches, Nicolas Bay et Marion Maréchal, ont déjà franchi le Rubicon.
Le doute est donc permis. À tel point que des membres de la formation de Zemmour ont passé le week-end à arroser les rédactions de mails salés assurant que Philippe Vardon n'est pas le bienvenu chez eux. Le secrétaire départemental Benoît Kandel, pas emballé, évacue l'idée : "à quelques jours du premier tour et après avoir parrainé la candidate du RN, son ralliement serait difficile à interpréter".
Dans cette dernière ligne droite, Alexandra Masson reste tout de même convaincue des chances de victoire de Marine Le Pen : "elle a été la première à placer le pouvoir d'achat au coeur de sa campagne, on voit aujourd'hui à quel point elle avait raison".
D'après elle, l'enthousiasme pour Éric Zemmour, qui a "posé des difficultés au Rassemblement national en décembre-janvier" est à présent "retombé". Le 10 avril, elle en est sûre, les militants ont rendez-vous avec "une surprise positive". Mais que restera-t-il du RN 06 d'ici là ?