Vingt-et-un suspects liés à une vague d’attaques contre des prisons et des agents pénitentiaires ont été présentés vendredi à des juges parisiens. L’enquête démontre un mode opératoire attribué au narcobanditisme organisé, et non au terrorisme.
Vingt-et-un suspects sont présentés vendredi à des juges d’instruction chargés de la criminalité organisée à Paris en vue de leur mise en examen, l’enquête ayant démontré que les attaques contre des prisons et des agents pénitentiaires étaient imputables aux narcotrafiquants.
Le placement en détention provisoire a été requis contre ces 21 personnes, dont deux mineurs et sept déjà incarcérées, précisent dans un communiqué commun le Parquet national antiterroriste (Pnat) et la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), désormais seule chargée des investigations.
Des attaques coordonnées via Telegram et rémunérées
Parmi les mis en cause figure « celui qui est susceptible d’être le créateur du premier compte Telegram intitulé DDPF (Défense des prisonniers français)» selon les autorités. Ce canal crypté avait diffusé un texte de revendication dénonçant les conditions de détention.
Déjà détenu pour des faits de droit commun, ce suspect est aussi attendu dans un procès lié au narcobanditisme marseillais et serait proche de la DZ Mafia.
L’enquête révèle un système structuré : des consignes publiées sur Telegram, des recrues trouvées via les réseaux sociaux, et des actions rémunérées. Ces méthodes sont « désormais habituellement employées par les organisations criminelles », indique le communiqué.
Au total, 30 personnes ont été interpellées, dont quatre mineurs. Deux d’entre elles sont déférées à Lyon dans une procédure distincte. Sept gardes à vue ont été levées sans poursuites.
Des attaques violentes mais sans caractère terroriste
Les actes reprochés comprennent notamment des incendies de véhicules appartenant à des personnels pénitentiaires, des tirs de mortier contre des établissements pénitentiaires, voire des tirs de kalachnikov comme à Toulon.
Le tag « DDPF » était apparu pour la première fois à Agen le 13 avril près de voitures brûlées sur le site de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap). D’autres attaques se sont ensuite enchaînées à travers le pays.
Si le Pnat avait ouvert l’enquête en considérant l’hypothèse terroriste, aucune idéologie violente ou ingérence étrangère n’a pu être confirmée. L’enquête s’oriente désormais pleinement vers la grande criminalité organisée.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait pointé dès le début la piste du narcobanditisme, alors que le Parlement vient d’adopter une loi renforçant la lutte contre le trafic de drogue. Plus de 300 enquêteurs ont été mobilisés sur l’ensemble du territoire.



