Pour faire barrage au Rassemblement national, la liste de la gauche et des écolos, 16.8% au premier tour, s'est retirée des régionales en Paca et a appelé à voter pour la droite.
Auprès de Nice-Presse, l'ex-tête de liste dans les Alpes-Maritimes Xavier Garcia (Parti socialiste) tire avec dignité les leçons de ce nouveau renoncement. Pour lui, désormais, "la gauche est balayée, effacée".
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NICE-PRESSE. Dans quel état d'esprit êtes-vous, juste après le retrait de votre liste ?
Xavier Garcia : "Je prends du recul, avec une immense déception.
Nous avons pensé, à la lumière des premiers résultats dimanche soir, qu'il y avait un espace pour la gauche et les écologistes au second tour, entre la droite de Muselier et l'extrême droite de Mariani. Peut-être y a-t'il eu un manque de lucidité de notre part. Il aurait fallu attendre avant d'annoncer notre position.
Ensuite, la pression pour nous pousser au retrait a été trop forte. Nous avons été lâchés par nos états-majors. Nous nous sommes retirés du second tour, sans même travailler à une fusion technique avec la liste de Renaud Muselier."
Quel message adressez-vous aux militants de gauche, qui ont vu par deux fois leur liste abandonner la course des régionales en cours de route ?
"J'aurais du mal à leur remonter le moral, je pense la même chose qu'eux. Le message envoyé est désastreux. Dans le même temps, les instances parisiennes du parti nous coupent les vivres, alors qu'à Nice et dans les Alpes-Maritimes, nous sommes face à des machines électorales (à droite et à l'extrême droite, NDLR) très puissantes.
Dès lors, comment se projeter ? Surtout après de grands moments de bêtise collective, comme les dernières municipales à Nice, Menton et Cagnes-sur-Mer."
La gauche est maintenant à peu près absente de tout le département, avec très peu d'élus. Comment comptez-vous faire entendre sa voix dans les années à venir ?
"Nous avons essayé, avec des moyens de militant, comme par exemple les pétitions. Mais ça ne suffit pas, et la fuite d'adhérents se poursuit. Il y a un réel sentiment d'abandon, de désespoir."
Christian Estrosi et Renaud Muselier souhaitent mettre en place une nouvelle instance qui permettrait à la gauche de se faire entendre au conseil régional, après un premier échec en 2016. Qu'en pensez-vous ?
"Je n'en sais rien. Je veux croire en leur bonne volonté, leur envie de bien faire. Mais ce n'est pas si simple.
Il y a des règlementations très claires contre lesquelles on ne peut pas aller, on ne va pas réinventer la démocratie entre les deux tours d'une élection.
Pour rédiger de vrais textes, il faut un accès total aux données, aux budgets, le support de juristes. Tout ça est bien compliqué. Nous sommes des gens de bonne volonté, à chaque fois que nous pourrons défendre l'intérêt général, nous le ferons au mieux.
Mais on ne va pas se raconter d'histoires. Ici, la gauche est balayée, effacée, il faut l'avaler. Et ce n'est pas un effacement à court terme, tout cela va laisser des traces profondes. Nous ne serons plus jamais crédibles aux élections régionales."
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Propos recueillis par Clément Avarguès le 23 juin 2020