Deux conseillers municipaux de l'actuelle majorité de gauche à la mairie de Marseille sont jugés depuis mardi pour 117 procurations irrégulières établies lors des élections municipales de mars et juin 2020.
Ce procès intervient quinze jours après l’examen par le tribunal correctionnel d’une procédure similaire qui concernait la droite marseillaise et notamment deux anciens maires (LR) de secteur lors du même scrutin.
Les municipales de 2020 ont vu la deuxième ville de France basculer à gauche à l'issue d'un scrutin très serré, après quart de siècle de règne du maire de droite Jean-Claude Gaudin.
Cette fois, ce sont trois candidats de la liste de gauche de Samia Ghali qui répondent de faux et de manœuvres frauduleuses dans les 15e et 16e arrondissements de Marseille.
L'ancienne sénatrice (PS) et actuelle maire-adjointe de Benoît Payan avait lancé, en 2020, ses propres listes en concurrence avec celles du Printemps marseillais, coalition gauche-société civile conduite par l'écologiste Michèle Rubirola.
Marguerite Pasquini, 74 ans, conseillère municipale déléguée aux comités d'intérêt de quartiers, reconnaît s’être rendue, au moins à quatre reprises, au commissariat du 15e, dans les quartiers nord de la ville, pour faire valider des procurations récupérées "dans une bannette" de la permanence de la liste Ghali. "Une vingtaine au maximum, pas une centaine, c’est faux", a-t-elle cependant affirmé.
Etablis en l'absence du mandant devant un officier de police judiciaire, ces documents sont irréguliers mais, selon Mme Pasquini, c’est un major du commissariat du 15e arrondissement chargé des procurations qui lui aurait dit d'agir ainsi.
Ce policier a expliqué n’avoir pas respecté la procédure à la demande de son chef, le commandant Henri Gil – décédé en avril 2023 – que l'enquête présente comme un ami de Mmes Pasquini et Ghali.
"J'ai exécuté l’ordre qui m’était donné, sans m'interroger sur la légalité", s'est défendu le policier précisant avoir remarqué la proximité de son supérieur avec Mme Pasquini mais aussi avec Patricia Aharonian, une autre colistière - non élue. Cette dernière est jugée en son absence en raison de problèmes de santé.
Conseiller municipal délégué à l'espace public, Roland Cazzola, un infirmier libéral âgé de 61 ans, avait remis des procurations à faire valider à Mme Pasquini mais en avait, lui-même déposées, le 6 mars 2020, au commissariat qui "nous faisait des facilités".
Plusieurs de ces procurations avaient été obtenues auprès de ses patients âgés voire atteints de la maladie d’Alzheimer mais "toutes étaient sincères", a-t-il assuré à la barre. "Même si les procurations n'étaient pas faites dans les règles de l'art, il n'y a pas eu d’abus de faiblesse", a-t-il insisté.
Selon lui, tous les mandants connaissaient le mandataire qu'il lui fournissait, comme la coiffeuse d'une vieille dame, sinon "c’était quelqu'un de mon entourage mais, par la suite, j'indiquais le nom du mandataire à mon patient".
L'audition des mandants et des mandataires a laissé entrevoir que des pièces d'identité avaient pu être données lors d'opérations de porte-à-porte, en échange de la promesse d'un logement social, a rapporté une électrice qui avait remis une photo de ses papiers et ceux de ses filles.
Le réquisitoire est attendu mercredi matin.
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