À l’ouverture du Festival de Cannes, Juliette Binoche, présidente du jury, s’est exprimée sur Gérard Depardieu, condamné pour agressions sexuelles, rappelant que « ce n’est pas un monstre, mais un homme ».
Festival de Cannes : Juliette Binoche réagit à la condamnation de Gérard Depardieu et évoque la désacralisation des figures du cinéma
En marge de la conférence de presse d’ouverture du Festival de Cannes, Juliette Binoche s’est exprimée sur la condamnation de Gérard Depardieu, figure emblématique du cinéma français, récemment reconnu coupable d’agressions sexuelles par le tribunal correctionnel de Paris.
« L’association de monstre sacré m’a toujours gênée. Parce que d’abord, ce n’est pas un monstre, c’est un homme. Et qui a été désacralisé, apparemment, par des faits qui sont passés sous la justice », a affirmé la comédienne, présidente du jury de cette 77e édition du festival.
Juliette Binoche poursuit : « Une star de cinéma, c’est un homme. Un roi est un homme. Le sacré ne nous appartient pas, il est au moment où il se passe quelque chose quand on crée, quand on joue, quand on met en scène. »
Elle évoque aussi la portée symbolique de la condamnation de Depardieu : « Quand on est désacralisé comme il l’est en ce moment, ça fait réfléchir sur le pouvoir de certaines personnes qui prennent le pouvoir. Et je pense que le pouvoir est ailleurs. »
Condamnation de Depardieu : un signal fort dans l’ère post-#MeToo
Le comédien de 76 ans a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour avoir agressé deux femmes sur le tournage du film Les Volets verts en 2021. Il devient ainsi la plus grande figure du cinéma français à être reconnue coupable de tels faits.
Juliette Binoche a aussi rappelé son engagement dans la lutte contre les violences dans le secteur culturel. Elle a récemment témoigné devant une commission d’enquête parlementaire française sur les abus dans le monde de la culture, initiée dans la foulée de la vague #MeToo.
Interrogée sur la place croissante des femmes au sein du jury et dans la sélection officielle, elle a salué l’évolution du festival : « Le Festival est de plus en plus en phase avec ce qui se passe aujourd’hui. Il suit un mouvement, celui de la vie sociale, politique, des changements dans le monde. »
« Notre vague de révolution #MeToo, elle a pris un certain temps pour arriver », a-t-elle ajouté, « mais elle réagit très fortement dernièrement. »