Du 9 au 13 juin à Nice, les dirigeants mondiaux se réunissent pour aborder l’urgence planétaire qui menace les océans. Que peut-on attendre de cette conférence onusienne ?
Les ONG et les petits États insulaires espèrent que ce sommet, qui s’ouvre lundi sur la Côte d’Azur, ira au-delà des discours pour agir concrètement face aux enjeux cruciaux.
Une protection des aires marines encore trop limitée
Plusieurs gouvernements devraient annoncer la création de nouvelles aires marines protégées (AMP) lors du sommet, ce qui permettrait de porter la protection mondiale à 10 %, contre 8,36 % actuellement, selon le cabinet de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.
L’objectif international est de protéger 30 % des océans d’ici 2030 (objectif « 30X30 »). Mais, au rythme actuel, Greenpeace estime que cet objectif ne sera atteint qu’en 2107. Au-delà de la quantité, la qualité de protection reste insuffisante, car de nombreux pays n’imposent pas de restrictions efficaces, autorisant par exemple le chalutage de fond, une technique de pêche très destructrice.
Dans le monde, seulement 2,7 % des océans bénéficient des niveaux de protection les plus stricts, un chiffre qui tombe à 0,1 % pour les eaux françaises métropolitaines.
Le traité sur la Haute Mer, un enjeu clé
La ratification du traité sur la Haute Mer, signé en 2023 par 110 États, est cruciale pour atteindre l’objectif 30X30. Ce traité vise à protéger la vie marine dans les eaux internationales situées au-delà de 370 km des côtes.
À ce jour, 32 pays et l’Union européenne l’ont ratifié. D’autres pourraient rejoindre la semaine prochaine. La France espérait 60 ratifications à Nice pour une entrée en vigueur en 2026, mais vise désormais la fin 2025.
Vers un moratoire élargi sur l’exploitation des grands fonds marins
La France tentera de rallier davantage de pays à la coalition soutenant un moratoire sur l’exploitation des abysses, qui compte actuellement 33 membres. Cet élargissement serait un signal fort face à la décision unilatérale de Donald Trump d’autoriser l’extraction minière dans les eaux internationales du Pacifique.
Les annonces seront scrutées avant la réunion de juillet de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui travaille sur un code minier visant à réguler l’extraction commerciale tout en protégeant ces zones considérées comme un « bien commun de l’humanité ».
Des engagements concrets attendus, au-delà des discours
À la clôture du sommet, la déclaration de Nice, un texte de huit pages négocié depuis plusieurs mois, sera adoptée. Elle appelle à une « action urgente » pour les océans mais n’a pas de force juridique contraignante.
Greenpeace la critique comme une « coquille vide », tandis que l’ambassadeur français pour les océans, Olivier Poivre d’Arvor, y voit une déclaration « beaucoup plus ambitieuse » que celle de la conférence de Lisbonne en 2022. Pour Peter Haugan, directeur politique de l’Institut de recherche marine en Norvège, ce qui compte vraiment, c’est l’engagement réel des gouvernements présents.
Le financement, un défi majeur pour la protection des océans
Selon le projet de déclaration de Nice, la protection des océans est le domaine le moins bien financé des 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Pour combler ce retard, des financements conséquents sont indispensables, souligne Pauli Merriman du WWF.
Elle déclare aux journalistes : « Il manque encore l’ambition, les financements et la mise en œuvre pour combler ce fossé. Il ne suffit pas que les gouvernements viennent à Nice avec de bonnes intentions. »
Un rapport du Forum économique mondial de 2022 estime à 175 milliards de dollars par an (153 milliards d’euros) les sommes nécessaires pour atteindre l’objectif océanique d’ici 2030, alors que moins de 10 milliards de dollars avaient été investis entre 2015 et 2019.
Avec AFP