Au 17 boulevard Raimbaldi, les passants ralentissent leur course et s'arrêtent parfois, interloqués.
On le sait, la numérisation, avec des services connectés tels que Gorillaz ou Uber Eats, entament les liens sociaux.
Dans notre ville, ensoleillée et chaleureuse, cela pourrait ne pas s'arranger. Ximiti, une "borne commerçante", vient de s'installer, avec son design froid et sévère.
Disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, elle donne accès à une variété d'articles, jour et nuit, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il grêle.
Pas d'étagères, pas de rayons… ce qu'il reste, c'est le tintement des pièces. Et encore : dans ce genre d'épicerie urbaine qui prône la rapidité, le paiement sans contact a la cote.
Au revoir, petites conversations à la caisse, bonjour aux échos robotiques de la machine.
Sur l'écran tactile, les références défilent… bip bip… il faut choisir ses produits, valider son panier, et l'automate fait le reste. Boum, après une minute d'attente, les produits tombent et la fente s'ouvre. Voici les courses faites.
Derrière l'écran, un hangar de 50 mètres carrées de superficie où sont entreposés articles du quotidien, snacking, confiseries, produits hyginèniques et même outils high tech.
Lancé en 2017, le réseau Ximiti occupe déjà 33 points de vente en France. Cannes a fait figure de pilote en Région Sud l'an passé.

Avis mitigés
Dans le quartier de la Gare Thiers, les rumeurs vont vite. Un peu plus bas dans les commerces, les opinions fusent.
Accoudé à son comptoir, un vendeur rouspète. "Je pensais que c'était juste un distributeur de boissons, mais ils vendent de tout. Ça crée de la concurrence".
Au Mini Market, la devanture assure des "prix imbattables"… et pourtant, la canette de Coca-Cola est trente centimes plus chère que celle vendue sur la borne.
De leur côté, Thiméo et Hugo, collégiens, privilégient Ximiti pour acheter leurs boissons à la sortie de l'école. "Je n'aime pas trop les magasins, ça prend trop de temps, surtout quand c'est pour un seul article".
"En fait, oui, c'est pratique pour des petites courses d'appoint, mais personnellement, je ne mangerais pas ça" plaisante quant à elle Christelle en désignant le plat préparé qui trône dans la vitrine.
"C'est bizarre, on ne sait même pas à quoi ça ressemble à l'intérieur".
"Ils disent que c'est rapide, mais moi ça fait dix minutes que j'essaie d'acheter mon Coca" ironise Maria, riveraine, qui peine à comprendre le fonctionnement de l'engin.
Un concept individualiste sur le papier, et pourtant, ils ne se connaissent pas et ils sont trois à rire et venir en aide à la jeune femme.
"Vous voyez, finalement, on fait ça tous ensemble…"
Contactée, l'entreprise n'était pas joignable pendant la réalisation de ce reportage.