Alors que la crise sanitaire a remis en cause nos modes de consommation, l’agriculture urbaine poursuit son développement et privilégie les circuits courts. À Monaco, la société Terrae a bien poussé et compte se développer dans d’autres villes.
“Terre de Monaco est devenue ‘Terrae’ puisque nous allons nous étendre”. Face à un fort potentiel, Jessica Sbaraglia fait prospérer sa petite entreprise de culture en pleine ville. Elle nous en dit plus à propos des objectifs de cette pratique et de son développement.
1 - Vous avez débuté votre activité à Monaco en 2016. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, l’entreprise a bien grandi. Nous disposons de 5 potagers pour une surface totale de 1.600 m² à Monaco. Ils sont répartis un peu partout sur le territoire de la principauté et sont surtout très différents.
Par exemple, nous travaillons avec le restaurant le Blue Bay, situé à l’hôtel Monte-Carlo Bay. Nous avons un potager là-bas qui est une sorte de “potager gastronomique” et on travaille main dans la main avec les équipes pour offrir les meilleurs produits possibles.
Nous avons aussi une mini ferme à la tour Odéon où on a d’autres types de cultures, mais aussi des poules pour avoir des œufs frais. Le tout est vendu aux résidents.
Au Centre Hospitalier Princesse Grace, le service psychiatrie fait appel à nous et une partie de la récolte sert pour des soins thérapeutiques.
2 - Vous avez changé de nom pour vous développer plus facilement, quelles sont les prochaines étapes ?
Terre de Monaco était une appellation trop restreinte et ce n’était pas très évidement d’avoir une “Terre de” dans chaque ville. Terrae c’est plus général.
On envisage d’avoir 3.000 m² de potagers urbains à Nice fin 2023, sur des toits d’immeubles. Là aussi, ça sera très diversifié avec du maraîchage, des fruitiers, des poules et même des ruches !
Toujours sur la Côte d’Azur, à Cap d’Ail, on aura aussi une structure au sein du complexe hôtelier Kempinski. Mais ça ne se fera pas avant 2025 puisque les travaux ne seront pas terminés.
On a aussi une volonté de développement en Europe, à commencer par la Belgique. On prévoit d’installer une ferme sur 10.000 m² de toits dans la ville de Tubize, à trente minutes de Bruxelles.
3 - Pourquoi l’agriculture urbaine se développe autant selon vous ?
Je pense qu’il y a eu une prise conscience de l’importance de bien s’alimenter. Beaucoup veulent retrouver des produits de qualité. Le Covid a accentué cette impression.
Les gens demandent davantage et son même prêt parfois à se mettre au jardinage. C’est une pratique qui a une influence positive.
Mais il faut tout de même garder à l’esprit que ça ne remplacera pas l’agriculture traditionnelle que nous connaissons.
4 - A ce sujet, quelles sont les difficultés que vous éprouvez par rapport à une agriculture classique ?
Il y a tout d’abord un souci de surface car on n’a pas les grands espaces qu’on peut trouver en campagne. Mais, d’un côté, on en fait une force puisque ça incite à la diversification des activités. Au lieu d’avoir un grand champ de betteraves on va avoir un toit avec plein de types de légumes par exemple.
L’autre limite c’est la mécanisation. On ne peut pas travailler avec des machines donc ça demande beaucoup de force physique pour transporter les marchandises. Ça nous oblige à être plus minutieux et surtout ça crée de l’emploi.
Et puis évidemment il y a la capacité de production qui est moins importante. Chaque année je suis environ entre 3.5 et 4 tonnes de légumes produits et sans pesticides.
5 - Vous avez aussi un rôle éducatif ?
Tout à fait, on ne se contente pas seulement de cultiver et de vendre nos produits. On veut aussi transmettre cette activité aux plus jeunes, c’est pour ça qu’on travaille avec six établissements scolaires pour faire découvrir cet univers aux enfants.
Les plus grands peuvent aussi se mettre au jardinage. C’est une activité très bénéfique pour se recentrer sur soi, et prendre son temps.