Après deux fermetures en un an, les auto-écoles niçoises essaient de rattraper le retard engendré par la crise sanitaire. Mais de très nombreux candidats restent en attente pour pouvoir passer le permis de conduire.
"Nous avons plusieurs élèves qui attendent de débuter les leçons de conduite, ils pourront commencer seulement au mois de septembre", déplore Florian Bataille, moniteur à Class'Permis. Cette auto-école niçoise est contrainte de faire attendre ses futurs clients avant de commencer la première heure derrière le volant. Cela à cause d'un manque de place. Les plannings sont surchargés, 40 élèves sont déjà en apprentissage. Une situation provoquée en partie par la crise sanitaire : "Nous avons deux mois de retard sur notre planning !", précise le moniteur.
Pour rappel, les auto-écoles ont dû fermer subitement leurs portes en mars 2020, date du premier confinement. À la réouverture en mai, il y a eu un afflux de jeunes qui souhaitaient reprendre leurs leçons de conduite. Mais à partir de novembre, le deuxième confinement a provoqué un nouveau coup d'arrêt. Les établissements n'avaient plus le droit de donner des leçons de conduite et pouvaient seulement présenter leurs élèves aux examens. Beaucoup ont été contraintes de décaler leurs heures ou de repousser le permis. Raison pour laquelle ce mois de juillet est si difficile.
Et les conséquences de la crise sanitaire s'étendent sur le long terme : "un retour plus ou moins à la normale est prévu pour septembre", confie Florian.
Pénurie de moniteurs
Selon Marie-Blanche Ouasana, directrice de l'auto-école Carlone, le problème est bien plus profond : "Il est clair que pendant la Covid, le nombre d'inscriptions au code ou à la conduite a augmenté. Mais on a aussi remarqué que les candidats se sont beaucoup entraînés au code sur les applications. Et aujourd'hui, ils sont nombreux à vouloir passer à la conduite. Le problème c'est que nous n'avons pas assez de moniteurs pour les former. On a la triple peine." Face à la crise sanitaire, les candidats au code se sont adaptés. Mais derrière, impossible de passer à la pratique.
"On a des délais d'attente pour former les élèves. En moyenne, ils doivent patienter deux mois avant de pouvoir conduire", confie la patronne de l'établissement.
"Une formation d'encadrant coûte environ 9.000 euros. Il n'y a plus de candidat et par effet de ricochet, les sessions d'examens ferment petit à petit dans la région. Ça devient extrêmement compliqué parce qu'il nous fraudait au moins 30 ou 60 arrivants cette année pour pouvoir maintenir les cours de conduite normalement", ajoute Marie-Blanche.
Une surcharge de travail
"Aujourd'hui si on veut un moniteur, il faut le débaucher dans d'autres auto-écoles et mettre beaucoup d'argent sur la table. Moi j'ai une petite structure, nous sommes deux salariés qui s'occupent de vingt élèves alors qu'il en faudrait que six chacun". Une surcharge de travail qui a forcément des conséquences au moment de l'examen final :"le taux de réussite ne peut qu'être impacté…", regrette Marie-Blanche.
Face au défilé des candidats et l'offre pas assez conséquente, certains établissements doivent également gérer la pression des clients. C'est ce qu'affirme la gérante de l'auto-école Carlone : "On se retrouve face à des parents qui nous stressent parce qu'ils ont déjà acheté la voiture à leur enfant, parce qu'ils voulaient que leur fils conduise avant l'été ou que leur fille déménage pour ses études. Il n'y a que des cas particuliers, c'est ingérable".