Harcèlement, bagarres, menaces… Les comportements violents entre jeunes sont repérés de plus en plus tôt, dès l'école primaire pour des situations qui étaient observées au collège voire au lycée il y a encore quelques années. À Nice, le Conseil local de lutte contre la délinquance se retrousse les manches.
Toutes les autorités confondues sont formelles : les comportements violents, divers et variés, flambent chez les jeunes. Les dernières directives nationales appellent à prévenir et surveiller ces tendances avant même l'adolescence. Un phénomène nouveau, en partie expliqué par l'impact des réseaux sociaux, peu modérés, et par la détention de smartphones par bien des 9-10 ans…
"On sait que nos actions relèvent de la dentelle. Mais bout à bout, elles permettent de franchir des étapes décisives" fait valoir auprès de Nice-Presse Caroline Reverso-Meinietti, directrice chargée de la prévention au sein de la Ville, le 4 novembre. Nice anime un CLSPD, acronyme un brin barbare désignant un vaste conseil local réunissant la mairie, la justice, la police et une kyrielle d'associations pour lutter contre les différentes formes de délinquance. Celle des pré-ados et de leurs aînés étant l'une des priorités du moment, donc.
Concrètement, cette agressivité, on la retrouve dans la progression du harcèlement, des bagarres près des établissements ou au stade, notamment. Les dealers figurent aussi parmi les mauvais génies qui rôdent autour des jeunes. "Nous avons mis en place une palette d'interventions dans les classes de collèges et de lycées, mais sous une forme plus originale que d'ordinaire".
Loin du mythe de "l'argent facile", des perspectives concrètes
Des outils high tech, comme par exemple des casques de réalité augmentée, permettent de faire comprendre aux ados les effets pervers des drogues que certains agitent sous leur nez. A d'autres moments, c'est un rappeur azuréen qui vient les remuer, avec son vécu accidenté. "Il parle comme eux, avec les termes qui marquent" fait-on valoir. "Sans jugement moral".
Et avec des arguments concrets qui ouvrent des perspectives. "On leur fait comprendre que 'l'argent facile' ne l'est pas du tout. C'est important parce que dans les classes, certains ont déjà été enrôlés comme guetteurs (ou choufs, ndlr). Même sans viser un Bac+15, on peut se tourner vers de belles filières d'artisanat qui paient bien, qui rendent fiers" poursuit la directrice municipale.
"Quand on leur fait visiter un plateau de cinéma à la Victorine, où sont tournés des films et des séries Netflix, en leur disant que eux aussi, ils peuvent y travailler, on fait passer un message qui sera vraiment retenu".
Pour les déscolarisés, des chantiers adaptés sont organisés, pour rénover des commissariats, s'investir dans un quartier ou un lieu culturel. Et brasser des Niçois qui ne se seraient pas fréquentés autrement.
SUR TOUS LES FRONTS
Le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) est mobilisé sur bien d'autres questions prioritaires, comme par exemple la lutte contre la radicalisation, ou les violences sexistes et sexuelles. On trouve autour de la table la Mairie, le Parquet, la préfecture, l'Education nationale, la police, des associations ou encore les bailleurs HLM. Des plans d'actions sur 5 ans sont organisés en suivant un cadre national : une réunion annuelle, avec tous les acteurs, propose des points d'étape. La prochaine est programmée en décembre. Notons que, par exemple, sur l'année scolaire 2022-2023, 1750 agents publics ont été sensibilisés au principe de laïcité et à la lutte contre le harcèlement scolaire, tout comme 2422 élèves ; un groupe d'ados a participé à la rénovation d'un poste de police, un autre à celle du pôle culturel 109. Une demi-douzaine de médiateurs supplémentaires ont été recrutés pour le centre-ville, parmi bien d'autres initiatives.