INTERVIEW - Les locations saisonnières font le plein à Nice, à tel point que la capitale azuréenne est la commune de France qui en compte le plus, derrière Paris.
Contrôles accrus, "super-logiciel" pour traquer les fraudeurs… La Ville a revu les conditions liées à ce type d'activité. Nous vous détaillions les nouveaux dispositifs dans cet article.
Des changements qui ne passent pas auprès de l'Union des professionnels de la location touristique (UPLT). Frédérick Seidita, vice-président de l'organisation, dénonce des "mesures trop restrictives".
1. Que reprochez-vous à la mairie ?
Ceux qui souhaitent faire de la location saisonnière doivent maintenant fournir un règlement de copropriété qui ne s'oppose pas à la pratique. Mais la plupart de ces textes datent des années 1950 ou 1960 : à l'époque ce type d'activité n'était pas développé.
Cela pose un vrai souci. La mairie prononce des refus systématiques en se basant sur des documents obsolètes. Et c'est la troisième modification de la réglementation en six ans, c'est insupportable !
2. Que comptez-vous faire ?
Saisir la justice ! L'UPLT a déposé un recours auprès du tribunal administratif en juillet dernier après la mise en place des nouvelles règles. On attend les audiences.
D'autres procédures sont en cours pour des refus de location de meublés touristiques.
On a essayé de reprendre contact avec la municipalité, mais les portes semblent fermées. Ces procédures vont, on l'espère, nous permettre de retrouver le chemin des négociations.
3. La location touristique meublée est-elle vraiment essentielle à Nice ?
Elle ne peut pas se passer d'une telle activité.
La capacité hôtelière n'est pas forcément suffisante en forte période d'activité, comme l'été par exemple.
En plus de ça, Nice propose une offre majoritairement haut de gamme.
Le cabinet du maire tend à dire de façon implicite qu'il est préférable d'avoir des touristes qui consomment de l’hôtellerie.
Le soucis c'est que beaucoup d'entre eux n'ont pas le budget pour passer une semaine dans des établissements de ce standing.
"Il y a une préférence pour le haut de gamme, mais on est en train de fermer la porte à d'autres types de clients"
Frédérick Seidita
Cette clientèle privilégie donc des alternatives plus économiques comme ces locations.
Cela fait aussi vivre l'économie locale puisque les touristes vont faire leurs courses chez les commerçants du coin par exemple.
4. La saison est-elle menacée par ces nouvelles mesures ?
Je ne pense pas qu'il y aura de conséquences sur les prochains événements, comme le Carnaval. Les propriétaires déjà en activité vont pouvoir poursuivre les locations. Par contre les nouveaux sont bloqués.
À plus long terme, par contre, je pense qu'on aura un impact sur la saison estivale. L'offre sera-t-elle suffisante pour accueillir tous les touristes ? C'est notre question.
5. Comment conjuguer vie locale et vie touristique ?
Pour attirer la clientèle et préserver le cadre de vie des Niçois on ne peut pas transformer des quartiers en hôtel à ciel ouvert, c'est évident.
Les nuisances ne sont pas propres aux locations saisonnières. Si un hôtel ouvre à côté d'un immeuble résidentiel il y en aura aussi…
Certains secteurs, comme le Vieux-Nice, sont très prisés des touristes, mais cette attractivité a été développée en grande partie par la mairie !
À l'UPLT, on a proposé une charte d'engagement à la municipalité.
Le but est de sensibiliser les propriétaires au respect du voisinage, des règles de copropriété et de la voirie. Cela doit donner toutes les clés aux touristes pour adopter un bon comportement.
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