Le procès de neuf membres de la mouvance nationaliste corse, accusés notamment d'avoir fomenté un attentat contre une gendarmerie de Bastia en juillet 2020, s'est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Ils sont infirmier, plombier, retraité… et bien loin de l'image du militant armé aguerri. Pourtant tous sont décrits par la justice comme "acquis à la cause nationaliste et convaincus du recours à la lutte armée".
Ces neuf hommes, âgés de 27 à 80 ans, sont poursuivis à différents degrés devant la 16e chambre correctionnelle (en charge des affaires de terrorisme) pour détention d'armes, destruction du bien d'autrui et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme.
Ce procès est l'épilogue d'une histoire d'apprentis militants indépendantistes qui a commencé en septembre 2019, avec la création d'un nouveau FLNC (Front de libération nationale corse), et qui s'est terminée un an plus tard après son plus grand fait d'armes : des tirs sur la gendarmerie de Montesoro à Bastia le 13 juillet 2020.
Un attentat qui serait passé inaperçu si le groupe ne l'avait pas revendiqué le lendemain depuis Saint-Antoine de Casabianca, haut lieu de la mémoire nationaliste, cagoulés et en armes.
Détail inconnu des prévenus à l'époque : ils étaient écoutés depuis presque un an par la police. Les enquêteurs avaient ainsi identifié Jean-Pierre Santini, 80 ans aujourd'hui et absent du procès pour raison médicale, comme l'instigateur du groupe.
Autre élément cocasse de l'affaire, certains membres avaient commandé en ligne depuis leurs comptes personnels les tenues noires et les cagoules portées lors des conférences clandestines ainsi que les chaises disposées pour le public.
Interrogé en premier par la présidente de la 16e chambre, Pierre Baldacci a regretté avoir fait partie du groupuscule. "Je pense que j'ai fait une erreur", a-t-il déclaré.
A la question du tribunal sur son implication dans la lutte armée, le prévenu a reconnu avoir parfois tenu des propos en ce sens, mais uniquement parce que "dans ce milieu, ça permet de se rendre ridiculement impressionnant".
"Mon casier judiciaire était vierge jusque-là ! Je n'ai même pas mon permis de chasse, ce qui est rare en Corse!" a-t-il précisé, suscitant quelques rires dans la salle. Le procès doit se poursuivre jusqu'au 13 novembre.