- Vous lisez un épisode de “Le Vieux-Nice, l’âme de la cité”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, la nouvelle rubrique gratuite de Nice-Presse.
Danielle Morello et son fils, Guy Truglio, tiennent tous deux le mythique étal présent depuis 1920 place Saint-François. Une longévité unique sur le marché aux poissons.
« À l’époque, la fontaine de la place n’existait pas,» nous lance Danielle. « C’était en 1920, mes grands-parents avaient installé cet étal pour vendre leur poisson. Je vivais dans le Vieux-Nice, à quelques rues d’ici. Alors, quand ma grand-mère me demandait de l’aide, je me rendais sur place pour lui prêter main-forte. J’étais toute jeune, mais c’est comme ça que j’ai fini, moi aussi, par tomber dedans. »

Tout comme Guy, son fils, qui a rapidement suivi le même chemin. « J’ai arrêté l’école à 15 ans pour venir aider mon père. Ça m’a rapidement plu, notamment pour cette forme de liberté dans le travail, le fait de respirer à l’air libre, même si c’est un métier difficile, où l’on ne compte pas ses heures. Les enfants, qui représenteraient la cinquième génération, ne veulent, par exemple, pas prendre la suite…»
Dorades, rougets, sardines, maquereaux, anchois…
Matelot sur une embarcation et pêcheur pendant un temps, Guy a finalement préféré le marché et la vente. « Certains clients sont maintenant devenus des amis. Cela fait 50 ans qu’on les sert. Notre clientèle locale est indéfectible. »
Dorades, rougets, sars, sardines, maquereaux, anchois, chaque matin, dès 7 heures, c’est un banc coloré qui est fièrement exposé, avec des arrivages du large des îles de Lérins, d’Antibes ou de Beaulieu.

Certains restaurateurs, comme La Merenda ou Le Petit Lascaris, s’approvisionnent chez Danielle Morello et Guy Truglio.
Une reconnaissance pour la famille, qui depuis cent ans a souffert de l’essor des grandes surfaces, « qui nous ont tués une première fois », puis de l’explosion du commerce en ligne alimentaire. « Les gens vont chercher directement leurs courses. Heureusement, quand ils goûtent notre poisson, ils se disent : ‘Oh là là, comme c’est bon.’ Comme quoi, la qualité, c’est encore la proximité. »


