"Les vivants se révoltent!" : un millier de personnes ont répondu à l’appel des deux collectifs antimafia de Corse et se sont rassemblées samedi à Ajaccio, selon les organisateurs et la police. Parmi elles, de nombreux élus, issus de divers horizons politiques.
Derrière une banderole portée par des jeunes arborant le message "Assassini, maffiosi, fora" ("Assassins, mafieux, dehors"), la manifestation a pris son essor à 14h30. Elle était organisée par les collectifs "A Maffia no, a Vita ié" (Non à la mafia, oui à la vie) et Maxime-Susini, du nom de ce militant nationaliste assassiné en septembre 2019 à Cargèse (Corse-du-Sud).
Déclenchée à la suite du meurtre, à la mi-février, d’une étudiante de 18 ans, vraisemblablement victime d’une erreur tragique, la marche a débuté depuis la gare avant de rejoindre la préfecture. À l’avant du cortège, une seconde banderole tenue par des membres des deux collectifs affichait le slogan "A maffia tomba, U silenziu dino" (La mafia tue, le silence aussi : NDLR).
Deux prises de parole étaient prévues à ce stade du parcours, avant que les manifestants ne poursuivent leur route jusqu’à la collectivité de Corse, où deux autres discours devaient être prononcés.
Initialement programmée pour le 22 février, la manifestation avait été reportée à la demande de la famille de l’étudiante, qui a tenu à exprimer cette semaine, dans un communiqué, son refus de voir "l’image ou le nom de leur fille utilisés sans accord préalable" et s’est opposée "à tout rassemblement, marche blanche ou manifestation", insistant sur le fait que "le temps était dédié au deuil".
"Les tragédies criminelles succèdent aux tragédies criminelles (…) et voilà que se lèvent des femmes et des hommes pour dire non, simplement non, avec leurs mains nues et leur visage à découvert", écrivent les deux collectifs dans une déclaration commune.
"La peur est là, mais elle ne se voit pas car ils savent qu’ils le font pour l’avenir de ce pays et de ses enfants", poursuivent-ils.
"Nous marchons vers ceux qui ont la responsabilité de notre sécurité, de la gestion de nos ressources, de la préservation de nos conditions de vie : naturelles, sociales, économiques et culturelles", ajoutent-ils, avant d’interroger : "La seule réponse est-elle de publier des communiqués de condoléances et des messages de soutien convenus ?"
"Nous regardons le mal en face et nous crions notre refus de le voir nous submerger. Les vivants se révoltent et ils le font savoir ce samedi après-midi, à Ajaccio", concluent-ils.
Ce rassemblement a eu lieu dix jours après une session spéciale de l’assemblée de Corse consacrée aux dérives mafieuses.
(Avec AFP)