Érigée en 1951, la chapelle du Rosaire est l’une des merveilles de Vence. Cette œuvre, nous la devons au peintre Henri Matisse, qui y a consacré les dernières années de sa vie.

C’est un monument discret que seuls quelques éléments permettent de repérer depuis la route. La chapelle du Rosaire figure assurément parmi les emblèmes de la commune médiévale de Vence, aussi bien pour son architecture que pour son histoire singulière.
Il nous faut remonter un peu dans le temps, plus précisément en 1942. A cette époque, Henri Matisse, l’artiste à qui nous devons cette création, se remet d’une lourde opération chez lui, à Nice.
C’est alors qu'entre dans sa vie Monique Bourgeois, étudiante infirmière. Cette dernière est embauchée chez le peintre pour veiller sur lui. S’établit alors entre eux un lien amical, né des lectures et des longues discussions qu’ils peuvent avoir.

Une amitié à la base de ce projet
Leur quotidien va néanmoins changer dans les années suivantes. En 1943, Matisse s’installe à Vence, pendant que Monique Bourgeois suit une période de convalescence chez les sœurs dominicaines de ce même village. Tandis que sa foi religieuse gagne du terrain, l’infirmière fait le choix d’entrer au couvent de Monteils (Aveyron) et devient sœur Jacques-Marie en 1944.
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Les deux amis continueront de correspondre, avant de se retrouver à Vence en 1946. 1947 marquera le début de ce projet qui durera jusqu’en 1951.
En effet, il faut savoir qu’à l’origine, les sœurs dominicaines ne disposaient dans la commune maralpine que d’un ancien garage en guise de chapelle. Or, celui-ci se trouvait dans un important état de délabrement. A la fin de l’année 47, Matisse s’empare entièrement de ce chantier, après un entretien avec le frère Rayssiguier.
Ce dernier fait partie des rares personnes ayant aidé l’artiste français sur la conception et la décoration du moment, avec le père Couturier et les architectes Auguste Perret et Milon de Peillon. Pour le reste, tout est entièrement pensé et conçu par Matisse, jusqu'aux moindres détails : vitraux, céramiques, stalles, bénitiers, objets du culte, ornements sacerdotaux… N’occultons toutefois pas l’apport dans la construction des entrepreneurs et artisans locaux.
Des tuiles bleues et une croix en fer forgé
En vous y baladant, vous pourrez admirer plusieurs chefs-d'œuvre du peintre, dont des vitraux composés de motifs végétaux jaunes, verts et bleus. En laissant passer la lumière, ceux-ci illuminent les grands tableaux qui représentent le Chemin de Croix, la Vierge à l’Enfant et Saint Dominique.
Vous découvrirez également d’autres toiles et productions dans l’espace muséal qui lui est consacré, avec des dessins, gravures, maquettes, photos et textes.
A l’extérieur, vous remarquerez sans doute le toit de tuiles blanches et bleues, que Matisse a fait répartir selon un dessin, mais aussi une croix en fer forgée, haute de treize mètres et représentant des croissants de Lune et des flammes dorées…