5 QUESTIONS A - A l'approche de l'été, les contaminations au Covid-19 repartent à la hausse en France. Le 06 est l'un des territoires les plus exposés.
Dans les Alpes-Maritimes, l'incidence a passé la barre des 500 cas détectés en moyenne pour 100.000 habitants. Seuls 23 départements ont franchi ce cap.
Au 20 juin, ce taux était de 532 chez nous. Une reprise causée par l’apparition de nouveaux sous-variants très contagieux d’Omicron : le BA.4 et le BA.5. Le professeur Michel Carlès, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Nice fait un point complet sur la situation.
1. Dans la presse, on a pu lire qu'il est possible que la "situation devienne dramatique". Est-ce le cas ?
C'est un mot qui, à mon avis, n'est pas très adapté. On voit en effet une augmentation de la circulation virale, constatée aussi dans les eaux usées de la ville de Nice.
La situation doit être prise avec beaucoup de sérieux et de préoccupation puisqu'on a déjà vu les conséquences au cours d'autres poussées épidémiques.
Il n'y a pas encore d'impact majeur sur le système de santé, notamment grâce à l’immunisation par la vaccination.
2. Quelle est la situation à l'hôpital ?
On commence à voir quelques hospitalisations pour des formes sévères, mais ça n'emmène pas à une mise en tension des soins critiques.
L'impact hospitalier est contenu pour l'instant, grâce notamment à l'immunité collective, même s'il y a des défauts de couverture chez certains groupes.
Les formes sévères que l'on voit sont décelées chez les personnes très âgées qui n'ont pas eu leur 4ème dose, ou chez des patients immunodéprimés ou souffrants de comorbidités.
3. Où en est la vaccination ?
Aujourd'hui, la recommandation, c'est de faire bénéficier les plus de 80 ans d'une quatrième dose de rappel. Mais en Provence-Alpes-Côte d'Azur, ils sont 80% à ne pas l'avoir reçue.
Ces personnes là, avec celles immunodéprimées et atteintes de comorbidités, sont les plus "à risque" et donc les cibles premières de la recrudescence épidémique.
Il y a un ralentissement, c'est une situation sur laquelle on peut alerter.
On doit aussi indiquer aux personnes qui ne sont pas "à risque" qu'il y a une baisse d'immunité plus de 6 mois après la dernière injection. Ça ouvre la voie à un rappel.
4. Le mélange de la canicule et du Covid peut faire planer un risque majeur cet été ?
Pour le moment, on ne sait pas ce qu'il en sera de la canicule. Mais toutes les situations qui fragilisent des personnes déjà sensibles augmentent le risque de complications liées au Covid.
L'été c'est aussi le moment où il y a des regroupements et il faut rappeler qu'il est souhaitable que chacun adopte une attitude préventive en respectant les gestes barrières.
5. Faudrait-il envisager de nouvelles restrictions ?
On est dans le cadre d'une injonction sanitaire, c'est un appel à chacun de se protéger et protéger les autres en appliquant des mesures préventives.
Est-ce qu'il faut que ça passe par une contrainte légale ? Ça, c'est plus d'ordre politique. Du point de vue de la santé publique, il faut appeler les individus à prendre conscience du risque actuel.